poeme d'amour et parole de chansonToutes les paroles de chanson et les mots d'amour : poeme d'amour, message d'amour pour déclarer sa flamme ? Poeme d'amitie poeme anniversaire La force des sentiments. Le sens de l'instant. Le désir de faire plaisir. Ce qui donne sens aux poèmes d'amitié ou aux poèmes d'anniversaire, de naissance... Faites partager les citations d'amour que vous avez entendu. Grandes ou petites phrases d'amour éternelles ? Les lettres d'amour les plus belles ou les plus personnelles... Ni exemple, ni modèle mais lettre d'amour gratuit, comme un témoignage. Poeme romantique Proverbes d'amour : des mots d'amour de belles phrases d'amour qui ont traversé les décennies et ont aidé tant d'amoureux à déclarer les feux de l'amour... Les plus belles chansons d'amour, les plus connues ou les plus personnelles. Les chansons d'amour dont les paroles ou le titre sont pour vous comme l'amour lui-même. Paroles de chansons en français ou chansons d'amour en anglais, love song ou Liebeslied ?2023-02-19T10:28:38+00:00yves Bretteurn:md5:4602fac4d6e7933a69aadcc71eba372cDotclearen attendant l'amour...urn:md5:1bc34cf4f5b5c02eab70e0c6e4d9b10c2013-09-18T08:49:00+01:002022-07-08T15:58:37+01:00yves Bretteimages et photos d'amouramourhumour <p>pourquoi ne pas goûter un peu d' <a href="http://www.yves.brette.biz/">humour sur le Bretzel Liquide Chaud</a> ? ( <a href="http://www.yves.brette.biz/post/2013/09/18/comment-j-ai-retrouv%C3%A9-l-amour">comment j'ai retrouvé l'amour</a> ) ou un peu d'étrangeté <a href="https://www.bretzel-liquide.com/blog/">à l'ombre d'un paradoxe en fleur</a>
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<a href="https://www.tropdamour.com/amour/public/Marc_De_Cunha_Lopes_marre_fatigue_os_attente_mort.jpg" title="Marc_De_Cunha_Lopes_marre_fatigue_os_attente_mort.jpg"><img src="https://www.tropdamour.com/amour/public/.Marc_De_Cunha_Lopes_marre_fatigue_os_attente_mort_m.jpg" alt="Marc_De_Cunha_Lopes_marre_fatigue_os_attente_mort.jpg" title="Marc_De_Cunha_Lopes_marre_fatigue_os_attente_mort.jpg, sept. 2013" /></a>
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photo : Marc Da Cunha Lopes</p>Saint-Valentin pour tousurn:md5:1114cbc8de3a3e92c07de132759786d42013-02-04T17:07:00+00:002013-02-04T17:07:00+00:00yves Brettetrop d'amour <p><a href="https://www.tropdamour.com/amour/public/Rodney_Smith_fiancailles_amour.jpg" title="Rodney_Smith_fiancailles_amour.jpg"><img src="https://www.tropdamour.com/amour/public/.Rodney_Smith_fiancailles_amour_m.jpg" alt="Rodney_Smith_fiancailles_amour.jpg" title="Rodney_Smith_fiancailles_amour.jpg, fév. 2013" /></a>
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(Rodney Smith)
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La Saint-Valentin approche.
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Retrouvez d'autres images concernant cet évènement sur le blog <a href="http://www.yves.brette.biz/tag/saint%20valentin">humour d'archyves</a></p>A jeun perdue glacéeurn:md5:3eed118cf023d049c252a4874c0d61bc2012-09-05T09:45:00+01:002012-09-05T09:45:00+01:00yves Brettepoemes et poesieparisPrévertsolitude <p>A jeun perdue glacée
<br />
Toute seule sans un sou
<br />
Une fille de seize ans
<br />
Immobile debout
<br />
Place de la Concorde
<br />
A midi le Quinze Août.
<br />
<br />
Prévert, La belle saison</p>Seulete suyurn:md5:6d3f25cdeb4fe90bb284a3d44a24ed812011-11-26T14:50:00+00:002011-11-26T14:52:14+00:00yves Brettepoeme d'amourChistine de Pizan <p>Seulete suy
<br />
<br />
Seulete suy et seulete veuil estre,
<br />
Seulete m'a mon doulz ami laissiée ;
<br />
Seulete suy, sanz compaignon ne maistre,
<br />
Seulete suy, dolente et courrouciée,
<br />
Seulete suy en languour mésaisée,
<br />
Seulete suy plus que nulle esgarée,
<br />
Seulete suy sanz ami demourée.
<br /></p>
<pre></pre>
<p>Seulete suy à huis ou à fenestre,
<br />
Seulete suy en un anglet muciée,
<br />
Seulete suy pour moi de plours repaistre,
<br />
Seulete suy, dolente ou apaisiée,
<br />
Seulete suy, riens n'est qui tant messiée,
<br />
Seulete suy en ma chambre enserrée,
<br />
Seulete suy sanz ami demourée.
<br /></p>
<pre></pre>
<p>Seulete suy partout et en tout estre,
<br />
Seulete suy, ou je voise ou je siée,
<br />
Seulete suy, plus qu'autre riens terrestre,
<br />
Seulete suy de chascun délaissiée,
<br />
Seulete suy durement abaissiée,
<br />
Seulete suy souvent toute éplourée,
<br />
Seulete suy sans ami demourée.
<br /></p>
<pre></pre>
<p>Princes, or est ma doulour commenciée :
<br />
Seulete suy de tout deuil menaciée,
<br />
Seulete suy plus teinte que morée,
<br />
Seulete suy sanz ami demourée.
<br /></p>
<p>Chistine de PISAN (1363-1431)</p>Cantique des cantiques, de Salomonurn:md5:95f779cfbfbda93ef01bc75546ae0ebe2011-11-01T17:08:00+00:002011-11-01T17:18:01+00:00yves Brettepoeme d'amourbaiserbiblebien-aimécantiquefaonfiancéeJerusalemLibanmandragoresein <p>Cantique des cantiques 1
<br />
<br />
1.’’Cantique des cantiques, de Salomon.’’</p>
<pre></pre>
<p>2.Qu’il me baise des baisers de sa bouche !
Car ton amour vaut mieux que le vin,
<br />
<br />
3.tes parfums ont une odeur suave ;
ton nom est un parfum qui se répand ;
c’est pourquoi les jeunes filles t’aiment.</p>
<pre></pre>
<p>4.Entraîne-moi après toi !
Nous courrons !
Le roi m’introduit dans ses appartements...
Nous nous égaierons, nous nous réjouirons à cause de toi ;
nous célébrerons ton amour plus que le vin.
C’est avec raison que l’on t’aime.</p>
<pre></pre>
<p>5.Je suis noire, mais je suis belle, filles de Jérusalem,
comme les tentes de Kédar, comme les pavillons de Salomon.
6.Ne prenez pas garde à mon teint noir :
C’est le soleil qui m’a brûlée.
Les fils de ma mère se sont irrités contre moi,
ils m’ont faite gardienne des vignes.
Ma vigne, à moi, je ne l’ai pas gardée.</p>
<p><br />
7.Dis-moi, ô toi que mon cœur aime,
où tu fais paître tes brebis,
où tu les fais reposer à midi ;
car pourquoi serais-je comme une égarée
près des troupeaux de tes compagnons ?</p>
<pre></pre>
<p>8.Si tu ne le sais pas, ô la plus belle des femmes,
sors sur les traces des brebis,
et fais paître tes chevreaux
près des demeures des bergers.</p>
<pre></pre>
<p>9.À ma jument qu’on attelle aux chars de Pharaon
je te compare, ô mon amie.
<br />
<br />
10.Tes joues sont belles au milieu des colliers,
ton cou est beau au milieu des rangées de perles.
<br />
<br />
11.Nous te ferons des colliers d’or,
avec des points d’argent.</p>
<pre></pre>
<p>12.- Tandis que le roi est dans son entourage,
mon nard exhale son parfum.
<br />
<br />
13.Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe,
qui repose entre mes seins.
<br />
<br />
14.Mon bien-aimé est pour moi une grappe de troëne
des vignes d’En-Guédi.</p>
<pre></pre>
<p>15.- Que tu es belle, mon amie, que tu es belle !
Tes yeux sont des colombes.</p>
<pre></pre>
<p>16.- Que tu es beau, mon bien-aimé, que tu es aimable !
Notre lit, c’est la verdure.</p>
<pre></pre>
<p>17.- Les solives de nos maisons sont des cèdres,
nos lambris sont des cyprès.</p>
<pre></pre>
<p>Cantique des cantiques 2
<br />
<br />
1.- Je suis un narcisse de Saron,
un lis des vallées.
<br />
<br />
2.- Comme un lis au milieu des épines,
telle est mon amie parmi les jeunes filles.</p>
<pre></pre>
<p>3.- Comme un pommier au milieu des arbres de la forêt,
tel est mon bien-aimé parmi les jeunes hommes.
J’ai désiré m’asseoir à son ombre,
et son fruit est doux à mon palais.
<br />
<br />
4.Il m’a fait entrer dans la maison du vin ;
et la bannière qu’il déploie sur moi, c’est l’amour.
<br />
<br />
5.Soutenez-moi avec des gâteaux de raisins,
fortifiez-moi avec des pommes ;
car je suis malade d’amour.</p>
<pre></pre>
<p>6.Que sa main gauche soit sous ma tête,
et que sa droite m’embrasse !</p>
<pre></pre>
<p>7.- Je vous en conjure, filles de Jérusalem,
par les gazelles et les biches des champs,
ne réveillez pas, ne réveillez pas l’amour,
avant qu’elle le veuille.</p>
<p>8.C’est la voix de mon bien-aimé !
Le voici, il vient,
sautant sur les montagnes,
bondissant sur les collines.
<br />
<br />
9.Mon bien-aimé est semblable à la gazelle
ou au faon des biches.</p>
<pre></pre>
<p>Le voici, il est derrière notre mur,
il regarde par la fenêtre,
il regarde par le treillis.</p>
<pre></pre>
<p>10.Mon bien-aimé parle et me dit :
Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens !
<br />
<br />
11.Car voici, l’hiver est passé ;
la pluie a cessé, elle s’en est allée.
<br />
<br />
12.Les fleurs paraissent sur la terre,
le temps de chanter est arrivé,
et la voix de la tourterelle se fait entendre dans nos campagnes.
<br />
<br />
13.Le figuier embaume ses fruits,
et les vignes en fleur exhalent leur parfum.
Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens !</p>
<pre></pre>
<p>14.Ma colombe, qui te tiens dans les fentes du rocher,
qui te caches dans les parois escarpées,
fais-moi voir ta figure,
fais-moi entendre ta voix ;
car ta voix est douce, et ta figure est agréable.</p>
<pre></pre>
<p>15.Prenez-nous les renards,
les petits renards qui ravagent les vignes ;
car nos vignes sont en fleur.</p>
<pre></pre>
<p>16.Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui ;
il fait paître son troupeau parmi les lis.</p>
<pre></pre>
<p>17.Avant que le jour se rafraîchisse,
et que les ombres fuient,
reviens !... sois semblable, mon bien-aimé,
à la gazelle ou au faon des biches,
sur les montagnes qui nous séparent.</p>
<pre></pre>
<p>Cantique des cantiques 3
<br />
<br />
1.Sur ma couche, pendant les nuits,
j’ai cherché celui que mon cœur aime ;
je l’ai cherché, et je ne l’ai point trouvé...
<br />
<br />
2.Je me lèverai, et je ferai le tour de la ville,
dans les rues et sur les places ;
je chercherai celui que mon cœur aime...
Je l’ai cherché, et je ne l’ai point trouvé.</p>
<pre></pre>
<p>3.Les gardes qui font la ronde dans la ville m’ont rencontrée :
Avez-vous vu celui que mon cœur aime ?</p>
<pre></pre>
<p>4.À peine les avais-je passés,
que j’ai trouvé celui que mon cœur aime ;
je l’ai saisi, et je ne l’ai point lâché
jusqu’à ce que je l’aie amené dans la maison de ma mère,
dans la chambre de celle qui m’a conçue.</p>
<pre></pre>
<p>5.Je vous en conjure, filles de Jérusalem,
par les gazelles et les biches des champs,
ne réveillez pas, ne réveillez pas l’amour,
avant qu’elle le veuille.</p>
<pre></pre>
<p>6.Qui est celle qui monte du désert,
comme des colonnes de fumée,
au milieu des vapeurs de myrrhe et d’encens
et de tous les aromates des marchands ?</p>
<pre></pre>
<p>7.Voici la litière de Salomon,
et autour d’elle soixante vaillants hommes,
des plus vaillants d’Israël.
<br />
<br />
8.Tous sont armés de l’épée,
sont exercés au combat ;
chacun porte l’épée sur sa hanche,
en vue des alarmes nocturnes.</p>
<pre></pre>
<p>9.Le roi Salomon s’est fait une litière
de bois du Liban.
<br />
<br />
10.Il en a fait les colonnes d’argent,
le dossier d’or,
le siège de pourpre ;
au milieu est une broderie, œuvre d’amour
des filles de Jérusalem.</p>
<pre></pre>
<p>11.Sortez, filles de Sion, regardez
le roi Salomon,
avec la couronne dont sa mère l’a couronné
le jour de ses fiançailles,
le jour de la joie de son cœur.</p>
<pre></pre>
<p>Cantique des cantiques 4
<br />
<br />
1.Que tu es belle, mon amie, que tu es belle !
Tes yeux sont des colombes,
derrière ton voile.
Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres,
suspendues aux flancs de la montagne de Galaad.
<br />
<br />
2.Tes dents sont comme un troupeau de brebis tondues,
qui remontent de l’abreuvoir ;
toutes portent des jumeaux,
aucune d’elles n’est stérile.
<br />
<br />
3.Tes lèvres sont comme un fil cramoisi,
et ta bouche est charmante ;
ta joue est comme une moitié de grenade,
derrière ton voile.
<br />
<br />
4.Ton cou est comme la tour de David,
bâtie pour être un arsenal ;
mille boucliers y sont suspendus,
tous les boucliers des héros.
<br />
<br />
5.Tes deux seins sont comme deux faons,
comme les jumeaux d’une gazelle,
qui paissent au milieu des lis.</p>
<pre></pre>
<p>6.Avant que le jour se rafraîchisse,
et que les ombres fuient,
j’irai à la montagne de la myrrhe
et à la colline de l’encens.</p>
<pre></pre>
<p>7.Tu es toute belle, mon amie,
et il n’y a point en toi de défaut.</p>
<pre></pre>
<p>8.Viens avec moi du Liban, ma fiancée,
viens avec moi du Liban !
Regarde du sommet de l’Amana,
du sommet du Senir et de l’Hermon,
des tanières des lions,
des montagnes des léopards.</p>
<pre></pre>
<p>9.Tu me ravis le cœur, ma sœur, ma fiancée,
tu me ravis le cœur par l’un de tes regards,
par l’un des colliers de ton cou.
<br />
<br />
10.Que de charmes dans ton amour, ma sœur, ma fiancée !
Comme ton amour vaut mieux que le vin,
et combien tes parfums sont plus suaves que tous les aromates !
<br />
<br />
11.Tes lèvres distillent le miel, ma fiancée ;
il y a sous ta langue du miel et du lait,
et l’odeur de tes vêtements est comme l’odeur du Liban.</p>
<pre></pre>
<p>12.Tu es un jardin fermé, ma sœur, ma fiancée,
une source fermée, une fontaine scellée.
<br />
<br />
13.Tes jets forment un jardin, où sont des grenadiers,
avec les fruits les plus excellents,
les troënes avec le nard ;
<br />
<br />
14.Le nard et le safran, le roseau aromatique et le cinnamome,
avec tous les arbres qui donnent l’encens ;
la myrrhe et l’aloès,
avec tous les principaux aromates ;
<br />
15.Une fontaine des jardins,
une source d’eaux vives,
des ruisseaux du Liban.</p>
<pre></pre>
<p>16.Lève-toi, aquilon ! viens, autan !
Soufflez sur mon jardin, et que les parfums s’en exhalent !
Que mon bien-aimé entre dans son jardin,
et qu’il mange de ses fruits excellents !</p>
<pre></pre>
<p>Cantique des cantiques 5
<br />
<br />
1.J’entre dans mon jardin, ma sœur, ma fiancée ;
je cueille ma myrrhe avec mes aromates,
je mange mon rayon de miel avec mon miel,
je bois mon vin avec mon lait...</p>
<pre></pre>
<p>Mangez, amis, buvez, enivrez-vous d’amour !</p>
<pre></pre>
<p>2.J’étais endormie, mais mon cœur veillait...
C’est la voix de mon bien-aimé, qui frappe :
Ouvre-moi, ma sœur, mon amie,
ma colombe, ma parfaite !
Car ma tête est couverte de rosée,
mes boucles sont pleines des gouttes de la nuit.</p>
<pre></pre>
<p>3.- J’ai ôté ma tunique ; comment la remettrais-je ?
J’ai lavé mes pieds ; comment les salirais-je ?
<br />
<br />
4.Mon bien-aimé a passé la main par la fenêtre,
et mes entrailles se sont émues pour lui.
<br />
<br />
5.Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé ;
et de mes mains a dégoutté la myrrhe,
de mes doigts, la myrrhe répandue
sur la poignée du verrou.</p>
<pre></pre>
<p>6.J’ai ouvert à mon bien-aimé ;
mais mon bien-aimé s’en était allé, il avait disparu.
J’étais hors de moi, quand il me parlait.
Je l’ai cherché, et je ne l’ai point trouvé ;
je l’ai appelé, et il ne m’a point répondu.
<br />
<br />
7.Les gardes qui font la ronde dans la ville m’ont rencontrée ;
ils m’ont frappée, ils m’ont blessée ;
ils m’ont enlevé mon voile, les gardes des murs.</p>
<pre></pre>
<p>8.Je vous en conjure, filles de Jérusalem,
si vous trouvez mon bien-aimé,
que lui direz-vous ?...
Que je suis malade d’amour.</p>
<pre></pre>
<p>9.Qu’a ton bien-aimé de plus qu’un autre,
ô la plus belle des femmes ?
Qu’a ton bien-aimé de plus qu’un autre,
pour que tu nous conjures ainsi ?</p>
<pre></pre>
<p>10.Mon bien-aimé est blanc et vermeil ;
il se distingue entre dix mille.
<br />
<br />
11.Sa tête est de l’or pur ;
ses boucles sont flottantes,
noires comme le corbeau.
<br />
<br />
12.Ses yeux sont comme des colombes au bord des ruisseaux,
se baignant dans le lait,
reposant au sein de l’abondance.
<br />
<br />
13.Ses joues sont comme un parterre d’aromates,
une couche de plantes odorantes ;
ses lèvres sont des lis,
d’où découle la myrrhe.
<br />
<br />
14.Ses mains sont des anneaux d’or,
garnis de chrysolithes ;
son corps est de l’ivoire poli,
couvert de saphirs ;
<br />
<br />
15.Ses jambes sont des colonnes de marbre blanc,
posées sur des bases d’or pur.
Son aspect est comme le Liban,
distingué comme les cèdres.
<br />
<br />
16.Son palais n’est que douceur,
et toute sa personne est pleine de charme.
Tel est mon bien-aimé, tel est mon ami,
filles de Jérusalem !</p>
<pre></pre>
<p>Cantique des cantiques 6
<br />
<br />
1.Où est allé ton bien-aimé,
ô la plus belle des femmes ?
De quel côté ton bien-aimé s’est-il dirigé ?
Nous le chercherons avec toi.</p>
<p>2.Mon bien-aimé est descendu à son jardin,
au parterre d’aromates,
pour faire paître son troupeau dans les jardins,
et pour cueillir des lis.
<br />
<br />
3.Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi ;
il fait paître son troupeau parmi les lis.</p>
<p>4.Tu es belle, mon amie, comme Thirtsa,
agréable comme Jérusalem,
mais terrible comme des troupes sous leurs bannières.
<br />
<br />
5.Détourne de moi tes yeux, car ils me troublent.
Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres,
suspendues aux flancs de Galaad.
<br />
<br />
6.Tes dents sont comme un troupeau de brebis,
qui remontent de l’abreuvoir ;
toutes portent des jumeaux,
aucune d’elles n’est stérile.
<br />
<br />
7.Ta joue est comme une moitié de grenade,
derrière ton voile...</p>
<pre></pre>
<p>8.Il y a soixante reines, quatre-vingts concubines,
et des jeunes filles sans nombre.
<br />
<br />
9.Une seule est ma colombe, ma parfaite ;
elle est l’unique de sa mère,
la préférée de celle qui lui donna le jour.
Les jeunes filles la voient, et la disent heureuse ;
les reines et les concubines aussi, et elles la louent.
1<br />
<br />
0.Qui est celle qui apparaît comme l’aurore,
belle comme la lune, pure comme le soleil,
mais terrible comme des troupes sous leurs bannières ?</p>
<pre></pre>
<p>11.Je suis descendue au jardin des noyers,
pour voir la verdure de la vallée,
pour voir si la vigne pousse,
si les grenadiers fleurissent.
<br />
<br />
12.Je ne sais, mais mon désir m’a rendue semblable
aux chars de mon noble peuple.</p>
<pre></pre>
<p>Cantique des cantiques 7
<br />
<br />
1.Reviens, reviens, Sulamithe !
Reviens, reviens, afin que nous te regardions.
Qu’avez-vous à regarder la Sulamithe
comme une danse de deux chœurs ?</p>
<pre></pre>
<p>2.Que tes pieds sont beaux dans ta chaussure, fille de prince !
Les contours de ta hanche sont comme des colliers,
œuvre des mains d’un artiste.
<br />
<br />
3.Ton sein est une coupe arrondie,
Où le vin parfumé ne manque pas ;
ton corps est un tas de froment,
entouré de lis.
<br />
<br />
4.Tes deux seins sont comme deux faons,
comme les jumeaux d’une gazelle.
<br />
<br />
5.Ton cou est comme une tour d’ivoire ;
tes yeux sont comme les étangs de Hesbon,
près de la porte de Bath-Rabbim ;
ton nez est comme la tour du Liban,
qui regarde du côté de Damas.
<br />
<br />
6.Ta tête est élevée comme le Carmel,
et les cheveux de ta tête sont comme la pourpre ;
un roi est enchaîné par des boucles !...</p>
<pre></pre>
<p>7.Que tu es belle, que tu es agréable,
ô mon amour, au milieu des délices !
<br />
<br />
8.Ta taille ressemble au palmier,
et tes seins à des grappes.
<br />
<br />
9.Je me dis : Je monterai sur le palmier,
j’en saisirai les rameaux !
Que tes seins soient comme les grappes de la vigne,
le parfum de ton souffle comme celui des pommes,
<br />
<br />
10.et ta bouche comme un vin excellent,...</p>
<pre></pre>
<p>Qui coule aisément pour mon bien-aimé,
et glisse sur les lèvres de ceux qui s’endorment !
<br />
<br />
11.Je suis à mon bien-aimé,
et ses désirs se portent vers moi.</p>
<pre></pre>
<p>12.Viens, mon bien-aimé, sortons dans les champs,
demeurons dans les villages !
<br />
<br />
13.Dès le matin nous irons aux vignes,
nous verrons si la vigne pousse, si la fleur s’ouvre,
si les grenadiers fleurissent.
Là je te donnerai mon amour.
<br />
<br />
14.Les mandragores répandent leur parfum,
et nous avons à nos portes tous les meilleurs fruits,
nouveaux et anciens :
Mon bien-aimé, je les ai gardés pour toi.</p>
<pre></pre>
<p>Cantique des cantiques 8
<br />
<br />
1.Oh ! que n’es-tu mon frère,
allaité des mamelles de ma mère !
Je te rencontrerais dehors, je t’embrasserais,
et l’on ne me mépriserait pas.
<br />
<br />
2.Je veux te conduire, t’amener à la maison de ma mère ;
tu me donneras tes instructions,
et je te ferai boire du vin parfumé,
du moût de mes grenades.</p>
<pre></pre>
<p>3.Que sa main gauche soit sous ma tête,
et que sa droite m’embrasse !</p>
<pre></pre>
<p>4.Je vous en conjure, filles de Jérusalem,
ne réveillez pas, ne réveillez pas l’amour,
avant qu’elle le veuille.</p>
<pre></pre>
<p>5.Qui est celle qui monte du désert,
appuyée sur son bien-aimé ?</p>
<pre></pre>
<p>Je t’ai réveillée sous le pommier ;
là ta mère t’a enfantée,
c’est là qu’elle t’a enfantée, qu’elle t’a donné le jour.</p>
<pre></pre>
<p>6.Mets-moi comme un sceau sur ton cœur,
comme un sceau sur ton bras ;
car l’amour est fort comme la mort,
la jalousie est inflexible comme le séjour des morts ;
ses ardeurs sont des ardeurs de feu,
une flamme de l’Éternel.
<br />
<br />
7.Les grandes eaux ne peuvent éteindre l’amour,
et les fleuves ne le submergeraient pas ;
quand un homme offrirait tous les biens de sa maison contre l’amour,
il ne s’attirerait que le mépris.</p>
<p>8.Nous avons une petite sœur, qui n’a point encore de mamelles ; que ferons-nous de notre sœur, le jour où on la recherchera ?
<br />
<br />
9.- Si elle est un mur, nous bâtirons sur elle des créneaux d’argent ; si elle est une porte, nous la fermerons avec une planche de cèdre.
<br />
<br />
10.- Je suis un mur, et mes seins sont comme des tours ; j’ai été à ses yeux comme celle qui trouve la paix.</p>
<pre></pre>
<p>11.Salomon avait une vigne à Baal-Hamon ; il remit la vigne à des gardiens ; chacun apportait pour son fruit mille sicles d’argent.
<br />
<br />
12.Ma vigne, qui est à moi, je la garde. À toi, Salomon, les mille sicles, et deux cents à ceux qui gardent le fruit !</p>
<pre></pre>
<p>13.Habitante des jardins ! Des amis prêtent l’oreille à ta voix. Daigne me la faire entendre !
<br />
<br />
14.Fuis, mon bien-aimé !
Sois semblable à la gazelle
ou au faon des biches,
sur les montagnes des aromates !</p>Vingt poèmes d'amour, une chanson désespérée, Pablo Nerudaurn:md5:095e6508093c05a01751e9fd1f129b632010-10-16T08:39:00+01:002010-10-16T08:39:00+01:00yves Brettepoeme d'amouramourpablo nerudapoeme <p>LA CENTAINE D'AMOUR</p>
<p>(Il a écrit ces 100 « sonnets de bois » à son grand amour, sa dernière femme Matilde Urrutia.)</p>
<p>Matilde Urrutia
(extraits)</p>
<p>Au sein de la terre, j'écarterai
<br />
les émeraudes pour t'apercevoir
<br />
et toi d'une plume d'eau messagère
<br />
tu seras en train de copier l'épi.
<br />
<br /></p>
<p>Quel univers ! Quel stimulant persil !
<br />
Quel navire voguant sur la douceur !
<br />
Et toi peut-être et moi aussi topaze !
<br />
Toutes ensemble sonneront les cloches.
<br />
<br /></p>
<p>Il ne restera plus que tout l'air libre
<br />
avec la pomme emportée par le vent,
<br />
dans la ramée le livre succulent,
<br />
<br /></p>
<p>et au lieu où respirent les oeillets
<br />
nous fonderons un habit qui supporte
<br />
l'éternité d'un baiser victorieux.
<br /></p>
<p><br />
<br />
Pablo</p>
<p><br />
Tu arrives du Sud avec ses maisons pauvres,
<br />
dures régions du froid, du tremblement de terre
<br />
qui, même quand leurs dieux roulèrent dans la mort
<br />
ont donné la leçon de la vie dans la glaise.
<br />
<br /></p>
<p>Tu es un poulain de glaise noire, un baiser
<br />
de boue sombre, amour, coquelicot de glaise,
<br />
ramier du crépuscule éployé sur les routes,
<br />
tirelire à chagrin de notre pauvre enfance.
<br />
<br /></p>
<p>Fille, tu as conservé ton coeur de pauvresse
<br />
et tes pieds de pauvresse habitués aux cailloux,
<br />
ta bouche qui n'eut pas toujours du pain ou délice.
<br /></p>
<p><br />
Tu es du pauvre Sud, d'où est venue mon âme;
<br />
dans ton ciel ta mère lave toujours du linge
<br />
avec la mienne. Amie ainsi je t'ai choisie.
<br /></p>
<p><br />
Pablo
<br /></p>
<p>Parmi les étoiles admirées, mouillées
<br />
Par des fleuves différents et par la rosée,
<br />
J'ai seulement choisi l'étoile que j'aimais
<br />
et depuis ce temps-là je dors avec la nuit.
<br /></p>
<p><br />
Parmi les vagues, une vague, une autre vague,
<br />
vague de verte mer, branche verte, froid vert,
<br />
j'ai seulement choisi l'unique et seule vague
<br />
et c'est la vague indivisible de ton corps.
<br /></p>
<p><br />
Vers moi toutes les gouttes toutes les racines
<br />
et tous les fils de la lumière sont venus.
<br /></p>
<p><br />
Je n'ai voulu que ta chevelure pour moi.
<br />
Et de toutes les offrandes de la patrie
<br />
Je n'ai choisi que celle de ton coeur sage.
<br /></p>
<p><br />
Pablo
<br /></p>
<p><br />
Matin
<br /></p>
<p><br />
J'ai faim de tes cheveux, de ta voix, de ta bouche,
<br />
sans manger je vais par les rues, et je me tais,
<br />
sans le soutien du pain, et dès l'aube hors de moi
<br />
je cherche dans le jour la bruit d'eau de tes pas.
<br /></p>
<p><br />
Je suis affamé de ton rire de cascade,
<br />
et de tes mains couleur de grenier furieux,
<br />
oui, j'ai faim de la pâle pierre de tes ongles,
<br />
je veux manger ta peau comme une amande intacte,
<br /></p>
<p><br />
et le rayon détruit au feu de ta beauté,
<br />
je veux manger le nez maître du fier visage,
<br />
Je veux manger l'ombre fugace de tes cils,
<br /></p>
<p><br />
J'ai faim, je vais, je viens, flairant le crépuscule
<br />
et je te cherche, et je cherche ton coeur brûlant
<br />
comme un puma dans le désert de Quitratùe.
<br /></p>
<p><br />
Pablo
<br /></p>
<p><br />
Midi
<br /></p>
<p><br />
Ondine tu es fille de la mer, ton corps
<br />
est d'eau pure, ô cousine de l'origan,
<br />
et ton sang cuisinière, est de terre vivante,
<br />
terrestres et fleuries, voilà tes habitudes.
<br /></p>
<p><br />
Tes yeux regardent l'eau, et soulèvent les vagues,
<br />
tes mains vont vers la terre, en y lâchant les graines,
<br />
l'eau et la terre où sont tes domaines profonds
<br />
se sont unies en toi par la loi de l'argile.
<br /></p>
<p><br />
Naïade, ton corps fend la turquoise marine
<br />
et bientôt resurgi fleurit dans la cuisine
<br />
c'est ta façon à toi d'assumer ce qui est
<br /></p>
<p><br />
Avant de t'endormir encerclée de mes bras
<br />
qui, pour que tu reposes, écartent de ta nuit
<br />
herbe, légumes, algues, écume de tes songes
<br /></p>
<p><br />
Pablo
<br /></p>
<p><br /></p>
<p><br />
Nuit
<br /></p>
<p><br />
Aimée, unis ton coeur au mien pendant la nuit :
<br />
que dans notre sommeil ils dissipent l'obscur
<br />
comme un double tambour combattant dans le bois
<br />
contre l'épais rempart du feuillage mouillé.
<br /></p>
<p><br />
Nocturne traversée, sommeil aux braises noires
<br />
interceptant le fil des raisins de la terre
<br />
ainsi qu'un train absurde en sa ponctualité
<br />
et sans cesse traînant l'ombre et les pierres froides.
<br /></p>
<p><br />
Mon amour, relie-moi à ce mouvement pur,
<br />
cette ténacité qui frappe en ta poitrine
<br />
comme un cygne englouti et dont battent les ailes.
<br /></p>
<p><br />
Qu'à l'interrogation du ciel et des étoiles
<br />
réponde le sommeil avec sa seul clé,
<br />
avec sa porte unique et que l'ombre a fermée.
<br /></p>
<p><br />
Pablo
<br /></p>
<p>MEMORIAL DE L' ÎLE NOIRE II
<br />
Le lune dans le labyrinthe1964 (extraits)
<br /></p>
<p>LA POÉSIE
<br /></p>
<p>Et ce fut à cet âge... La poésie
<br />
vint me chercher. Je ne sais pas, je ne sais d'où elle surgit, de l'hiver ou du fleuve.
<br />
Je ne sais ni comment ni quand,
<br />
non, ce n'étaient pas des voix, ce n'étaient pas
<br />
des mots, ni le silence :
<br />
d'une rue elle me hélait,
<br />
des branches de la nuit,
<br />
soudain parmi les autres,
<br />
parmi des feux violents
<br />
ou dans le retour solitaire,
<br />
sans visage elle était là
<br />
et me touchait.
<br />
Je ne savais que dire, ma bouche
<br />
ne savait pas
<br />
nommer,
<br />
mes yeux étaient aveugles,
<br />
et quelque chose cognait dans mon âme,
<br />
fièvre ou ailes perdues,
<br />
je me formai seul peu à peu,
<br />
déchiffrant
<br />
cette brûlure,
<br />
et j'écrivis la première ligne confuse,
<br />
confuse, sans corps, pure
<br />
ânerie,
<br />
pur savoir
<br />
de celui-là qui ne sait rien,
<br />
et je vis tout à coup
<br />
le ciel
<br />
égrené
<br />
et ouvert,
<br />
des planètes,
<br />
des plantations vibrantes,
<br />
l'ombre perforée,
<br />
criblée
<br />
de flèches, de feu et de fleurs,
<br />
la nuit qui roule et qui écrase, l'univers.
<br />
Et moi, infime créature,
<br />
grisé par le grand vide
<br />
constellé,
<br />
à l'instar, à l'image
<br />
du mystère,
<br />
je me sentis pure partie
<br />
de l'abîme,
<br />
je roulai avec les étoiles,
<br />
mon coeur se dénoua dans le vent.
<br /></p>
<p><br />
(Mémorial de l'île Noire, 1964) Le lune dans le labyrinthe
<br /></p>
<p>JE t'ai RÊVER un SOIR...
<br /></p>
<p>Femme, songe où fusionnent toutes mes fictions,
<br />
tu as vibré comme réelle dans mes nerfs;
<br />
pleurant dans mes sentiers de l'illusion perdue,
<br />
j'ai senti m'effleure ta beauté inconnue.
<br /></p>
<p><br />
En flétrissant mes rêves et mes folles chimères
<br />
je t'ai forgée à brides de ciel et de chair,
<br />
comme une résurgence ou pareille au printemps
<br />
dans la forêt de tant d'aberrants idéaux...
<br /></p>
<p><br />
Ta chair divine et parfumée, je l'ai rêvée
<br />
au milieu des tourments morbides de mon être;
<br />
et bien que floue, je sais, Aimée, comment tu es,
<br />
fiction faite réalité en chair de femme...
<br /></p>
<p><br />
Je te cherche dans les yeux de toutes les femmes,
<br />
je te cherche et jamais n'ai pu te rencontrer.
<br />
Dans ma désillusion s'abrite l'illusion
<br />
que tu es ou seras plus belle qu'aucune autre.
<br /></p>
<p><br />
Mes rêves te voudront éternellement mienne,
<br />
jaillissant de la nuit de toutes mes tristesses,
<br />
germe de joies étranges qui aviveront
<br />
la flamme que répand ta beauté inconnue.
<br /></p>
<p><br />
(MEMORIAL DE L' ÎLE NOIRE II. Le lune dans le labyrinthe)
<br /></p>
<p><br />
L' OPIUM À L' EST
<br /></p>
<p><br />
Déjà de Singapour on reniflait l'opium.
<br />
Le brave Anglais savait ce qu'il faisait.
<br />
A Genève il tonitruait
<br />
contre les marchands clandestins
<br />
mais chaque port, aux Colonies,
<br />
crachait son relent de fumée autorisée
<br />
par un chiffre officiel et quelque congé lucratif.
<br />
A Londres le gentleman assermenté
<br />
portant un impeccable habit de rossignol
<br />
(pantalon à rayures et amidon d'armure)
<br />
trillait contre le vendeur d'ombres,
<br />
mais ici en Orient
<br />
le masque s'abattait
<br />
et on vendait la léthargie à chaque coin de rue.
<br /></p>
<p><br />
Je voulu savoir. J'entrai. Chaque estrade
<br />
avait son gisant,
<br />
nul ne parlait, nul ne riait, je crus
<br />
que ceux-ci fumaient en silence.
<br />
Pourtant, auprès de moi la pipe grésillait
<br />
lorsque la flamme avec l'aiguille se croisait
<br />
et dans la tiédeur aspirée qui mêlait
<br />
à la fumée laiteuse entrait dans l'homme
<br />
un bonheur statique, une porte au loin
<br />
s'ouvrant sur un vide au goût succulent:
<br />
l'opium était la fleur de la paresse,
<br />
le plaisir immobile,
<br />
la pure activité sans mouvement.
<br /></p>
<p><br />
Tout était pur ou semblait l'être,
<br />
tout en glissant sur l'huile et les gonds
<br />
pour arriver à n'être plus rien qu'existence,
<br />
rien ne brûlait, nul ne pleurait,
<br />
les tourments ici n'avaient pas leur place,
<br />
il n'y avait pas de charbon pour la colère.
<br /></p>
<p><br />
Je les regardai: pauvres gens déchus,
<br />
manoeuvres, coolies de ricksha ou de plantation,
<br />
trotteurs chétifs,
<br />
chiens de la rue,
<br />
pauvres gens malmenés.
<br />
Ici, après avoir blessés,
<br />
après avoir été non pas des êtres mais des pieds,
<br />
après avoir été non pas des hommes mais des bêtes de sommes
<br />
après avoir marché, marché, et sué et sué
<br />
et sué du sang et ne plus avoir d'âme,
<br />
ils étaient ici maintenant,
<br />
solidaires,
<br />
allongés,
<br />
eux, les gisants enfin, les pattes-dures:
<br />
chacun avec sa faim s'était payé
<br />
un droit obscur à ces délices,
<br />
songe ou mensonges, bonheur ou mort, ils se retrouvaient
<br />
enfin dans se repos que cherche toute vie,
<br />
et respectés enfin, sur une étoile.
<br /></p>
<p><br />
(MEMORIAL DE L' ÎLE NOIRE II . Le lune dans le labyrinthe)
<br /></p>
<p>VINGT POÈMES D'AMOUR / une chanson désespérée</p>
<p><br /></p>
<p>I
<br /></p>
<p>Corps de femme, blanches collines, cuisses blanches,
<br />
l'attitude du don te rend pareil au monde.
<br />
Mon corps de laboureur sauvage, de son soc
<br />
a fait jaillir le fils du profond de la terre.
<br /></p>
<p><br />
je fus comme un tunnel. Déserté des oiseaux,
<br />
la nuit m'envahissait de toute sa puissance.
<br />
pour survivre j'ai dû te forger comme une arme
<br />
et tu es la flèche à mon arc, tu es la pierre dans ma fronde.
<br /></p>
<p><br />
Mais passe l'heure de la vengeance, et je t'aime.
<br />
Corps de peau et de mousse, de lait avide et ferme.
<br />
Ah! le vase des seins! Ah! les yeux de l'absence!
<br />
ah! roses du pubis! ah! ta voix lente et triste!
<br /></p>
<p><br />
Corps de femme, je persisterai dans ta grâce.
<br />
Ô soif, désir illimité, chemin sans but!
<br />
Courants obscurs où coule une soif éternelle
<br />
et la fatigue y coule, et l'infinie douleur.
<br /></p>
<p><br /></p>
<p><br />
II
<br /></p>
<p>La lumière t'enrobe en sa flamme mortelle.
<br />
Et pensive, pâle et dolente, tu t'appuies
<br />
contre le crépuscule et ses vieilles hélices
<br />
tournant autour de toi.
<br /></p>
<p><br />
Muette, mon amie,
<br />
à cette heure des morts seule en la solitude,
<br />
emplie du feu vivant,
<br />
du jour détruit pure héritière.
<br /></p>
<p><br />
Sur le noir de ta robe une grappe du jour,
<br />
et de la nuit les immenses racines
<br />
ont poussé d'un seul coup à partir de ton âme,
<br />
ce qui se cache en toi s'en retourne au dehors.
<br />
Un peuple pâle et bleu ainsi s'en alimente
<br />
et c'est de toi qu'il vient de naître.
<br /></p>
<p><br />
Ô grandiose et féconde et magnétique esclave
<br />
de ce cercle alternant le noir et le doré
<br />
dressée, tente et parfais ta vive création
<br />
jusqu'à la mort des fleurs. Qu'en elle tout soit triste.
<br /></p>
<p><br /></p>
<p><br />
III
<br /></p>
<p><br />
Immensité des pins, rumeur brisée des vagues,
<br />
contre le crépuscule et ses vieilles hélices
<br />
crépuscule tombant sur tes yeux de poupée,
<br />
coquillage terrestre, en toi la terre chante!
<br /></p>
<p><br />
En toi chantent les fleuves et sur eux fuit mon âme
<br />
comme tu le désires et vers où tu le veux.
<br />
Trace-moi le chemin sur ton arc d'espérance
<br />
que je lâche en délire une volée de flèches.
<br /></p>
<p><br />
Je vois autour de moi ta ceinture de brume,
<br />
mes heures poursuivies traquées par ton silence,
<br />
c'est en toi, en tes bras de pierre transparente
<br />
que mes baisers se sont ancrés, au nid de mon désir humide.
<br /></p>
<p><br />
Ah! ta voix de mystère que teinte et plie l'amour
<br />
au soir retentissant et qui tombe en mourant!
<br />
Ainsi à l'heure sombre ai-je vu dans les champs
<br />
se plier les épis sous la bouche du vent.
<br /></p>
<p><br /></p>
<p><br />
IV
<br /></p>
<p><br />
C'est le matin plein de tempête
<br />
au coeur de l'été.
<br /></p>
<p><br />
Mouchoirs blancs de l'adieu, les nuages voltigent,
<br />
et le vent les secoue de ses mains voyageuses.
<br /></p>
<p><br />
Innombrable, le coeur du vent
<br />
bat sur notre amoureux silence.
<br /></p>
<p><br />
Orchestral et divin, bourdonnant dans les arbres,
<br />
comme une langue emplie de guerres et de chants.
<br /></p>
<p><br />
Vent, rapide voleur qui enlève les feuilles,
<br />
et déviant la flèche battante des oiseaux,
<br /></p>
<p><br />
les renverse dans une vague s'ans écume,
<br />
substance devenue sans poids, feux qui s'inclinent.
<br /></p>
<p><br />
Volume de baisers englouti et brisé
<br />
que le vent de l'été vient combattre à la porte.
<br /></p>
<p><br /></p>
<p><br />
V
<br /></p>
<p><br />
Pour que tu m'entendes
<br />
mes mots
<br />
parfois s'amenuisent
<br />
comme la trace des mouettes sur la plage.
<br /></p>
<p><br />
Collier, grelot ivre
<br />
pour le raisin de tes mains douces.
<br /></p>
<p><br />
Mes mots je les regarde et je les vois lointains.
<br />
Ils sont à toi bien plus qu'à moi.
<br />
Sur ma vieille douleur ils grimpent comme un lierre.
<br /></p>
<p><br />
Ils grimpent sur les murs humides.
<br />
Et de ce jeu sanglant tu es seule coupable.
<br /></p>
<p><br />
Ils sont en train de fuir de mon repaire obscur.
<br />
Et toi tu emplis tout, par toi tout est empli.
<br /></p>
<p><br />
C'est eux qui ont peuplé le vide où tu t'installes,
<br />
ma tristesse est à eux plus qu'à toi familière.
<br /></p>
<p><br />
Ils diront donc ici ce que je veux te dire,
<br />
et entends-les comme je veux que tu m'entendes.
<br /></p>
<p><br />
Habituel, un vent angoissé les traîne encore
<br />
et parfois l'ouragan des songes les renverse.
<br />
Tu entends d'autres voix dans ma voix de douleur.
<br />
Pleurs de lèvres anciennes, sang de vieilles suppliques.
<br />
Ma compagne, aime-moi. Demeure là. Suis-moi.
<br />
Ma compagne, suis-moi, sur la vague d'angoisse.
<br /></p>
<p><br />
Pourtant mes mots prennent couleur de ton amour.
<br />
Et toi tu emplis tout, par toi tout est empli.
<br /></p>
<p><br />
Je fais de tous ces mots un collier infini
<br />
pour ta main blanche et douce ainsi que les raisins
<br /></p>
<p><br /></p>
<p><br />
VI
<br /></p>
<p><br />
Je me souviens de toi telle que tu étais en ce dernier automne :
<br />
un simple béret gris avec le coeur en paix.
<br />
Dans tes yeux combattaient les feux du crépuscule.
<br />
Et les feuilles tombaient sur les eaux de ton âme.
<br /></p>
<p><br />
Enroulée à mes bras comme un volubilis,
<br />
les feuilles recueillaient ta voix lente et paisible.
<br />
Un bûcher de stupeur où ma soif se consume.
<br />
Douce jacinthe bleue qui se tord sur mon âme.
<br /></p>
<p><br />
je sens tes yeux qui vont et l'automne est distant :
<br />
béret gris, cris d'oiseau, coeur où l'on est chez soi
<br />
et vers eux émigraient mes désirs si profonds
<br />
et mes baisers tombaient joyeux comme des braises.
<br /></p>
<p><br />
Le ciel vu d'un bateau. Les champs vus des collines :
<br />
lumière, étang de paix, fumée, ton souvenir.
<br />
Au-delà de tes yeux brûlaient les crépuscules.
<br />
Sur ton âme tournaient les feuilles de l'automne.
<br /></p>
<p><br /></p>
<p><br />
VII
<br /></p>
<p><br />
Incliné sur les soirs je jette un filet triste
<br />
sur tes yeux d'océan.
<br /></p>
<p><br />
Là, brûle écartelée sur le plus haut bûcher,
<br />
ma solitude aux bras battants comme un noyé.
<br /></p>
<p><br />
Tes yeux absents, j'y fais des marques rouges
<br />
et ils ondoient comme la mer au pied d'un phare.
<br /></p>
<p><br />
Ma femelle distante, agrippée aux ténèbres,
<br />
de ton regard surgit la côte de l'effroi.
<br /></p>
<p><br />
Incliné sur les soirs je jette un filet triste
<br />
sur la mer qui secoue tes grands yeux d'océan.
<br /></p>
<p><br />
Les oiseaux de la nuit picorent les étoiles
<br />
qui scintillent comme mon âme quand je t'aime.
<br /></p>
<p><br />
Et la nuit galopant sur sa sombre jument
<br />
éparpille au hasard l'épi bleu sur les champs.
<br /></p>
<p><br /></p>
<p><br />
VIII
<br /></p>
<p><br />
Abeille blanche, ivre de miel, toi qui bourdonnes dans mon âme,
<br />
tu te tords en lentes spirales de fumée.
<br /></p>
<p><br />
je suis le désespéré, la parole sans écho,
<br />
celui qui a tout eu, et qui a tout perdu.
<br /></p>
<p><br />
Dernière amarre, en toi craque mon anxiété dernière.
<br />
En mon désert tu es la rose ultime.
<br /></p>
<p><br />
Ah ! silencieuse !
<br /></p>
<p><br />
Ferme tes yeux profonds. La nuit y prend son vol.
<br />
Ah! dénude ton corps de craintive statue.
<br /></p>
<p><br />
Tu as des yeux profonds où la nuit bat des ailes.
<br />
Et de frais bras de fleur et un giron de rose.
<br /></p>
<p><br />
Et tes seins sont pareils à des escargots blancs.
<br />
Un papillon de nuit dort posé sur ton ventre.
<br /></p>
<p><br />
Ah! silencieuse !
<br /></p>
<p><br />
Voici la solitude et tu en es absente.
<br />
Il pleut. Le vent de mer chasse d'errantes mouettes.
<br /></p>
<p><br />
L'eau marche les pieds nus par les routes mouillées.
<br />
Et la feuille de l'arbre geint, comme un malade.
<br /></p>
<p><br />
Abeille blanche, absente, en moi ton bourdon dure.
<br />
Tu revis dans le temps, mince et silencieuse.
<br /></p>
<p><br />
Ah ! silencieuse !
<br /></p>
<p><br /></p>
<p><br />
IX
<br /></p>
<p><br />
Ivre de longs baisers, ivre des térébinthes,
<br />
je dirige, estival, le voilier des roses,
<br />
me penchant vers la mort de ce jour si ténu,
<br />
cimenté dans la frénésie ferme de la mer.
<br /></p>
<p><br />
Blafard et amarré à mon eau dévorante
<br />
croisant dans l'aigre odeur du climat découvert,
<br />
encore revêtu de gris, de sons amers,
<br />
et d'un triste cimier d'écume abandonnée.
<br /></p>
<p>Je vais, dur, passionné, sur mon unique vague,
<br />
lunaire, brusque, ardent et froid, solaire,
<br />
et je m'endors d'un bloc sur la gorge des blanches
<br />
îles fortunées, douces comme des hanches fraîches.
<br /></p>
<p><br />
Mon habit de baisers tremble en la nuit humide
<br />
follement agité d'électriques décharges,
<br />
d'hébraïque façon divisé par des songes
<br />
l'ivresse de la rose en moi s'est déployée.
<br /></p>
<p><br />
En remontant les eaux, dans les vagues externes,
<br />
ton corps jumeau et qui se soumet dans mes bras
<br />
comme un poisson sans fin s'est collé à mon âme
<br />
rapide et lent dans cette énergie sous les cieux.
<br /></p>
<p><br /></p>
<p><br />
X
<br /></p>
<p><br />
Nous avons encore perdu ce crépuscule
<br />
Et nul ne nous a vus ce soir les mains unies
<br />
pendant que la nuit bleue descendait sur le monde.
<br /></p>
<p><br />
J'ai vu de ma fenêtre
<br />
la fête du couchant sur les coteaux lointains
<br /></p>
<p><br />
Parfois, ainsi qu'une médaille
<br />
s'allumait un morceau de soleil dans mes mains.
<br /></p>
<p><br />
Et je me souvenais de toi le coeur serré
<br />
triste de la tristesse à moi que tu connais.
<br /></p>
<p><br />
Où étais-tu alors ?
<br />
Et parmi quelles gens ?
<br />
Quels mots prononçais-tu ?
<br />
Pourquoi peut me venir tout l'amour d'un seul coup,
<br />
lorsque je me sens triste et te connais lointaine ?
<br /></p>
<p><br />
Le livre a chu qu'on prend toujours au crépuscule,
<br />
ma cape, chien blessé, à mes pieds a roulé.
<br /></p>
<p><br />
Tu t'éloignes toujours et toujours dans le soir
<br />
vers où la nuit se hâte effaçant les statues.
<br /></p>
<p><br /></p>
<p><br />
XI
<br /></p>
<p><br />
Presque en dehors du ciel, ancre entre deux montagnes,
<br />
le croissant de la lune.
<br />
Tournante, errante nuit, terrassière des yeux,
<br />
pour compter les étoiles dans la mare, en morceaux.
<br /></p>
<p><br />
Elle est la croix de deuil entre mes sourcils, elle fuit.
Forge de métaux bleus, nuits de lutte cachée,
<br />
tourne mon coeur, et c'est un volant fou.
<br /></p>
<p><br />
<br />
Fille venue de loin, apportée de si loin,
<br />
son regard est parfois un éclair sous le ciel.
<br />
Incessante complainte et tempête tourbillonnant dans sa furie,
<br />
au-dessus de mon coeur passe sans t'arrêter.
<br />
Détruis, disperse, emporte, ô vent des sépultures, ta racine assoupie.
<br />
De l'autre côté d'elle arrache les grands arbres.
<br />
Mais toi, épi, question de fumée, fille claire.
<br />
La fille née du vent et des feuilles illuminées.
<br />
Par-delà les montagnes nocturnes, lis blanc de l'incendie
<br />
ah! je ne peux rien dire ! De toute chose elle était faite.
<br /></p>
<p><br />
Couteau de l'anxiété qui partagea mon cœur
<br />
c'est l'heure de cheminer, sur un chemin sans son sourire.
<br />
Tempête, fossoyeur des cloches, trouble et nouvel essor de la tourmente,
<br />
Pourquoi la toucher, pourquoi l'attrister maintenant.
<br /></p>
<p><br />
Ah! suivre le chemin qui s'éloigne de tout,
<br />
que ne fermeront pas la mort, l'hiver, l'angoisse
<br />
avec leurs yeux ouverts au coeur de la rosée
<br /></p>
<p><br /></p>
<p><br />
XII
<br /></p>
<p><br />
À mon coeur suffit ta poitrine,
<br />
mes ailes pour ta liberté.
<br />
De ma bouche atteindra au ciel
<br />
tout ce qui dormait sur ton âme.
<br /></p>
<p><br />
En toi l'illusion quotidienne.
<br />
Tu viens, rosée sur les corolles.
<br />
Absente et creusant l'horizon
Tu t'enfuis, éternelle vague.
<br /></p>
<p><br />
je l'ai dit : tu chantais au vent
<br />
comme les pins et les mâts des navires.
<br />
Tu es haute comme eux et comme eux taciturne.
<br />
Tu t'attristes soudain, comme fait un voyage.
<br /></p>
<p><br />
Accueillante, pareille à un ancien chemin.
<br />
Des échos et des voix nostalgiques te peuplent.
<br />
À mon réveil parfois émigrent et s'en vont
<br />
des oiseaux qui s'étaient endormis dans ton âme.
<br /></p>
<p><br />
XIII
<br /></p>
<p><br />
J'ai marqué peu à peu l'atlas blanc de ton corps
<br />
avec des croix de flamme.
<br />
Ma bouche, une araignée qui traversait, furtive.
<br />
En toi, derrière toi, craintive et assoiffée.
<br /></p>
<p><br />
Histoires à te raconter sur la berge du crépuscule
<br />
douce et triste poupée, pour chasser ta tristesse.
<br />
Quelque chose, arbre ou cygne, qui est lointain, joyeux.
<br />
Et le temps des raisins, mûr et porteur de fruits.
<br /></p>
<p><br />
J'ai vécu dans un port et de là je t'aimais.
<br />
Solitude où passaient le songe et le silence.
<br />
Enfermé, enfermé entre mer et tristesse.
<br />
Silencieux, délirant, entre deux statues de gondoliers.
<br /></p>
<p><br />
Entre les lèvres et la voix, quelque chose s'en va mourant.
<br />
Ailé comme l'oiseau, c'est angoisse et oubli.
<br />
Tout comme les filets ne retiennent pas l'eau.
<br />
Il ne reste, poupée, que des gouttes qui tremblent.
<br />
Pourtant un chant demeure au coeur des mots fugaces.
<br />
Un chant, un chant qui monte à mes lèvres avides.
<br />
Pouvoir te célébrer partout les mots de joie.
<br />
Chanter, brûler, s'enfuir, comme un clocher aux mains d'un fou.
<br />
Que deviens-tu soudain, ô ma triste tendresse ?
<br />
J'atteins le plus hardi des sommets, le plus froid,
<br />
et mon coeur se referme ainsi la fleur nocturne.
<br /></p>
<p><br /></p>
<p><br />
XIV
<br /></p>
<p><br />
Ton jouet quotidien c'est la clarté du monde.
<br />
Visiteuse subtile, venue sur l'eau et sur la fleur.
<br />
Tu passas la blancheur de ce petit visage que je serre
<br />
entre mes mains, comme une grappe, chaque jour.
<br /></p>
<p><br />
Et depuis mon amour tu es sans ressemblance.
<br />
Laisse-moi t'allonger sur des guirlandes jaunes.
<br />
Qui a écrit ton nom en lettres de fumée au coeur des étoiles du sud ?
<br />
Ah! laisse-moi te rappeler celle que tu étais alors,
<br />
quand tu n'existais pas encore.
<br /></p>
<p><br />
Mais un vent soudain hurle et frappe à ma fenêtre.
<br />
Le ciel est un filet rempli d'obscurs poissons.
<br />
Ici viennent frapper tous les vents, ici, tous.
<br />
La pluie se déshabille.
<br /></p>
<p><br />
Les oiseaux passent en fuyant.
<br />
Le vent. Le vent.
<br />
Je ne peux que lutter contre la force humaine.
<br />
Et la tempête a fait un tas des feuilles sombres
<br />
et détaché toutes les barques qu'hier soir amarra dans le ciel.
<br /></p>
<p><br />
Mais toi tu es ici. Mais toi tu ne fuis pas.
<br />
Toi tu me répondras jusqu'à l'ultime cri.
<br />
Blottis-toi près de moi comme si tu craignais.
<br />
Mais parfois dans tes yeux passait une ombre étrange.
<br /></p>
<p><br />
Maintenant, maintenant aussi, mon petit, tu m'apportes des chèvrefeuilles, ils parfument jusqu'à tes seins.
<br />
Quand le vent triste court en tuant des papillons
<br />
moi je t'aime et ma joie mord ta bouche de prune.
<br /></p>
<p><br />
Qu'il t'en aura coûté de t'habituer à moi,
<br />
à mon âme seule et sauvage, à mon nom qui les fait tous fuir.
<br />
Tant de fois, nous baisant les yeux, nous avons vu brûler l'étoile
<br />
et se détordre sur nos têtes les éventails tournants des
<br />
crépuscules.
<br /></p>
<p><br />
Mes mots pleuvaient sur toi ainsi que des caresses.
<br />
Depuis longtemps j'aimai ton corps de nacre et de soleil.
<br />
L'univers est à toi, voilà ce que je crois.
<br />
Je t'apporterai des montagnes la joie en fleur des copihués
<br />
avec des noisettes noires, des paniers de baisers sylvestres.
<br /></p>
<p><br />
Je veux faire de toi
<br />
ce que fait le printemps avec les cerisiers.
<br /></p>
<p><br /></p>
<p><br />
XV
<br /></p>
<p><br />
Ton silence m'enchante et ce semblant d'absence
<br />
quand tu m'entends de loin, sans que ma voix t'atteigne.
<br />
On dirait que tes yeux viennent de s'envoler,
<br />
on dirait qu'un baiser t'a refermé la bouche.
<br /></p>
<p><br />
Comme tout ce qui est est empli de mon âme
<br />
tu émerges de tout, pleine de l'âme mienne.
<br />
Papillon inventé, tu ressembles à mon âme,
<br />
tu ressembles aussi au mot mélancolie.
<br /></p>
<p><br />
Ton silence m'enchante et cet air d'être loin.
<br />
Tu te plains, dirait-on, roucoulant papillon.
<br />
Et tu m'entends de loin, sans que ma voix t'atteigne
<br />
laisse-moi faire silence dans ton silence.
<br /></p>
<p><br />
Laisse-moi te parler aussi par ton silence
<br />
simple comme un anneau et clair comme une lampe.
<br />
Tu es comme la nuit, constellée, silencieuse.
<br />
Ton silence est d'étoile, aussi lointain et simple.
<br /></p>
<p><br />
J'aime quand tu te tais car tu es comme absente.
<br />
Comme si tu mourrais, distante et douloureuse.
<br />
Il ne faut qu'un sourire, et un seul mot suffit
<br />
à me rendre joyeux : rien de cela n'était.
<br /></p>
<p><br />
XVI
<br /></p>
<p><br />
Paraphrase de Rabindranath Tagore.
<br /></p>
<p><br />
Tu es au crépuscule un nuage dans mon ciel,
<br />
ta forme, ta couleur sont comme je les veux.
<br />
Tu es mienne, tu es mienne, ma femme à la lèvre douce
<br />
et mon songe infini s'établit dans ta vie.
<br /></p>
<p><br />
La lampe de mon coeur met du rose à tes pieds
<br />
et mon vin d'amertume est plus doux sur tes lèvres,
<br />
moissonneuse de ma chanson crépusculaire,
<br />
tellement mienne dans mes songes solitaires
<br /></p>
<p><br />
Tu es mienne, tu es mienne, et je le crie dans la brise
<br />
du soir, et le deuil de ma voix s'en va avec le vent.
<br />
Au profond de mes yeux tu chasses, ton butin
<br />
stagne comme les eaux de ton regard de nuit.
<br /></p>
<p><br />
Tu es prise au filet de ma musique, amour,
<br />
aux mailles de mon chant larges comme le ciel.
<br />
Sur les bords de tes yeux de deuil mon âme est née.
<br />
Et le pays du songe avec ces yeux commence.
<br /></p>
<p><br /></p>
<p><br />
XVII
<br /></p>
<p><br />
En pensant, en prenant des ombres au filet dans la solitude
<br />
profonde.
<br />
Toi aussi tu es loin, bien plus loin que personne.
<br />
Penseur, lâcheur d'oiseaux, images dissipées
<br />
et lampes enterrées.
<br />
Clocher de brumes, comme tu es loin, tout là-haut !
<br />
Étouffant le gémir,
<br />
taciturne meunier de la farine obscure de l'espoir,
<br />
la nuit s'en vient à toi, rampant, loin de la ville.
<br /></p>
<p><br />
Ta présence a changé et m'est chose étrangère.
<br />
Je pense, longuement je parcours cette vie avant toi.
<br />
Ma vie avant personne, ma vie, mon âpre vie.
<br />
Le cri face à la mer, le cri au coeur des pierres,
<br />
en courant libre et fou, dans la buée de la mer.
<br />
Cri et triste furie, solitude marine.
<br />
Emballé, violent, élancé vers le ciel.
<br /></p>
<p><br />
Toi, femme, qu'étais-tu alors ? Quelle lame, quelle branche
<br />
de cet immense éventail ? Aussi lointaine qu'à présent.
<br />
Incendie dans le bois ! Croix bleues de l'incendie.
<br />
Brûle, brûle et flamboie, pétille en arbres de lumière.
<br />
Il s'écroule et crépite. Incendie, incendie.
<br /></p>
<p><br />
Blessée par des copeaux de feu mon âme danse.
<br />
Qui appelle? Quel silence peuplé d'échos ?
<br />
Heure de nostalgie, heure de l'allégresse, heure de solitude,
<br />
heure mienne entre toutes !
<br />
Trompe qui passe en chantant dans le vent.
<br />
Tant de passion des pleurs qui se noue à mon corps.
<br /></p>
<p><br />
Toutes racines secouées,
<br />
toutes les vagues à l'assaut !
<br />
Et mon âme roulait, gaie, triste, interminable.
<br /></p>
<p><br />
Pensées et lampes enterrées dans la profonde solitude.
<br />
Qui es-tu toi, qui es-tu ?
<br /></p>
<p><br />
XVIII
<br /></p>
<p><br />
Ici je t'aime.
<br />
Dans les pins obscurs le vent se démêle.
<br />
La lune resplendit sur les eaux vagabondes.
<br />
Des jours égaux marchent et se poursuivent.
<br /></p>
<p><br />
Le brouillard en dansant qui dénoue sa ceinture.
<br />
Une mouette d'argent du couchant se décroche.
<br />
Une voile parfois. Haut, très haut, les étoiles.
<br /></p>
<p><br />
Ô la croix noire d'un bateau.
<br />
Seul.
<br />
Le jour parfois se lève en moi, et même mon âme est humide.
<br />
La mer au loin sonne et résonne.
<br />
Voici un port.
<br />
Ici je t'aime.
<br /></p>
<p><br />
Ici je t'aime. En vain te cache l'horizon.
<br />
Tu restes mon amour parmi ces froides choses.
<br />
Parfois mes baisers vont sur ces graves bateaux
<br />
qui courent sur la mer au but jamais atteint.
<br />
Suis-je oublié déjà comme ces vieilles ancres.
<br />
Abordé par le soir le quai devient plus triste.
<br /></p>
<p><br />
Et ma vie est lassée de sa faim inutile.
<br />
J'aime tout ce que je n'ai pas. Et toi comme tu es loin.
<br /></p>
<p><br />
Mon ennui se débat dans les lents crépuscules.
<br />
Il vient pourtant la nuit qui chantera pour moi.
<br />
La lune fait tourner ses rouages de songe.
<br /></p>
<p><br />
Avec tes yeux me voient les étoiles majeures.
<br />
Pliés à mon amour, les pins dans le vent veulent
<br />
chanter ton nom avec leurs aiguilles de fer.
<br /></p>
<p><br />
XIX
<br /></p>
<p><br />
Fille brune, fille agile, le soleil qui fait les fruits,
<br />
qui alourdit les blés et tourmente les algues,
<br />
a fait ton corps joyeux et tes yeux lumineux
<br />
et ta bouche qui a le sourire de l'eau.
<br /></p>
<p><br />
Noir, anxieux, un soleil s'est enroulé aux fils
<br />
de ta crinière noire, et toi tu étires les bras.
<br />
Et tu joues avec lui comme avec un ruisseau,
<br />
qui laisse dans tes yeux deux sombres eaux dormantes.
<br /></p>
<p><br />
Fille brune, fille agile, rien ne me rapproche de toi.
<br />
Tout m'éloigne de toi, comme du plein midi.
<br />
Tu es la délirante enfance de l'abeille,
<br />
la force de l'épi, l'ivresse de la vague.
<br /></p>
<p><br />
Mon coeur sombre pourtant te cherche,
<br />
J'aime ton corps joyeux et ta voix libre et mince.
<br />
Ô mon papillon brun, doux et définitif,
<br />
tu es blés et soleil eau et coquelicot.
<br /></p>
<p><br />
XX
<br /></p>
<p><br />
Je peux écrire les vers les plus tristes cette nuit.
<br /></p>
<p><br />
Écrire, par exemple : " La nuit est étoilée
<br />
et les astres d'azur tremblent dans le lointain. "
<br /></p>
<p><br />
Le vent de la nuit tourne dans le ciel et chante.
<br /></p>
<p><br />
Je puis écrire les vers les plus tristes cette nuit.
<br />
Je l'aimais, et parfois elle aussi elle m'aima.
<br /></p>
<p><br />
Les nuits comme cette nuit, je l'avais entre mes bras.
<br />
Je l'embrassai tant de fois sous le ciel, ciel infini.
<br /></p>
<p><br />
Elle m'aima, et parfois moi aussi je l'ai aimée.
<br />
Comment n'aimerait-on pas ses grands yeux, ses grands yeux fixes.
<br /></p>
<p><br />
Je peux écrire les vers les plus tristes cette nuit.
<br />
Penser que je ne l'ai pas. Regretter l'avoir perdue.
<br /></p>
<p><br />
Entendre la nuit immense, et plus immense sans elle.
<br />
Et le vers tombe dans l'âme comme la rosée dans l'herbe.
<br /></p>
<p><br />
Qu'importe que mon amour n'ait pas pu la retenir.
<br />
La nuit est pleine d'étoiles, elle n'est pas avec moi.
<br /></p>
<p><br />
Voilà tout. Au loin on chante. C'est au loin.
<br />
Et mon âme est mécontente parce que je l'ai perdue.
<br /></p>
<p><br />
Comme pour la rapprocher, c'est mon regard qui la cherche.
<br />
Et mon coeur aussi la cherche, elle n'est pas avec moi.
<br /></p>
<p><br />
Et c'est bien la même nuit qui blanchit les mêmes arbres.
<br />
Mais nous autres, ceux d'alors, nous ne sommes plus les mêmes.
<br /></p>
<p><br />
je ne l'aime plus, c'est vrai. Pourtant, combien je l'aimais.
<br />
Ma voix appelait le vent pour aller à son oreille.
<br /></p>
<p><br />
À un autre. A un autre elle sera. Ainsi qu'avant mes baisers.
<br />
Avec sa voix, son corps clair. Avec ses yeux infinis.
<br /></p>
<p><br />
je ne l'aime plus, c'est vrai, pourtant, peut-être je l'aime.
<br />
Il est si bref l'amour et l'oubli est si long.
<br /></p>
<p><br />
C'était en des nuits pareilles, je l'avais entre mes bras
<br />
et mon âme est mécontente parce que je l'ai perdue.
<br /></p>
<p><br />
Même si cette douleur est la dernière par elle
<br />
et même si ce poème est les derniers vers pour elle.
<br /></p>
<p><br /></p>
<pre></pre>
<p><br /></p>
<p><br />
UNE CHANSON DÉSESPÉRÉE
<br /></p>
<p><br />
Ton souvenir surgit de la nuit où je suis.
<br />
La rivière à la mer noue sa plainte obstinée.
<br /></p>
<p><br />
Abandonné comme les quais dans le matin.
<br />
C'est l'heure de partir, ô toi l'abandonné !
<br /></p>
<p><br />
Des corolles tombant, pluie oi e sur mon coeur.
<br />
Ô sentine de décombres, grotte féroce au naufragé !
<br /></p>
<p><br />
En toi se sont accumulés avec les guerres les envols.
<br />
Les oiseaux de mon chant de toi prirent essor.
<br /></p>
<p><br />
Tu as tout englouti, comme fait le lointain.
<br />
Comme la mer, comme le temps. Et tout en toi fut un naufrage !
<br /></p>
<p><br />
De l'assaut, du baiser c'était l'heure joyeuse.
<br />
lueur de la stupeur qui brûlait comme un phare.
<br /></p>
<p><br />
Anxiété de pilote et furie de plongeur aveugle,
<br />
trouble ivresse d'amour, tout en toi fut naufrage !
<br /></p>
<p><br />
Mon âme ailée, blessée, dans l'enfance de brume.
<br />
Explorateur perdu, tout en toi fut naufrage !
<br /></p>
<p><br />
Tu enlaças la douleur, tu t'accrochas au désir.
<br />
La tristesse te renversa et tout en toi fut un naufrage !
<br /></p>
<p><br />
Mais j'ai fait reculer la muraille de l'ombre,
<br />
j'ai marché au-delà du désir et de l'acte.
<br /></p>
<p><br />
Ô ma chair, chair de la femme aimée, de la femme perdue,
<br />
je t'évoque et je fais de toi un chant à l'heure humide.
<br /></p>
<p><br />
Tu reçus l'infinie tendresse comme un vase,
<br />
et l'oubli infini te brisa comme un vase.
<br /></p>
<p><br />
Dans la noire, la noire solitude des îles,
<br />
c'est là, femme d'amour, que tes bras m'accueillirent.
<br /></p>
<p><br />
C'était la soif, la faim, et toi tu fus le fruit.
<br />
C'était le deuil, les ruines et tu fus le miracle.
<br /></p>
<p><br />
Femme, femme, comment as-tu pu m'enfermer
<br />
dans la croix de tes bras, la terre de ton âme.
<br /></p>
<p><br />
Mon désir de toi fut le plus terrible et le plus court,
<br />
le plus désordonné, ivre, tendu, avide.
<br /></p>
<p><br />
Cimetière de baisers, dans tes tombes survit le feu,
<br />
et becquetée d'oiseaux la grappe brûle encore.
<br /></p>
<p><br />
Ô la bouche mordue, ô les membres baisés,
<br />
ô les dents affamées, ô les corps enlacés.
<br /></p>
<p><br />
Furieux accouplement de l'espoir et l'effort
<br />
qui nous noua tous deux et nous désespéra.
<br /></p>
<p><br />
La tendresse, son eau, sa farine légère.
<br />
Et le mot commencé à peine sur les lèvres.
<br /></p>
<p><br />
Ce fut là le destin où allait mon désir,
<br />
où mon désir tomba, tout en toi fut naufrage!
<br /></p>
<p><br />
Ô sentine de décombres, tout est retombé sur toi,
<br />
toute la douleur tu l'as dite et toute la douleur t'étouffe.
<br /></p>
<p><br />
De tombe en tombe encore tu brûlas et chantas.
<br />
Debout comme un marin à la proue d'un navire.
<br /></p>
<p><br />
Et tu as fleuri dans des chants, tu t'es brisé dans des courants.
<br />
Ô sentine de décombres, puits ouvert de l'amertume.
<br /></p>
<p><br />
Plongeur aveugle et pâle, infortuné frondeur,
<br />
explorateur perdu, tout en toi fut naufrage !
<br /></p>
<p><br />
C'est l'heure de partir, c'est l'heure dure et froide
<br />
que la nuit toujours fixe à la suite des heures.
<br /></p>
<p><br />
La mer fait aux rochers sa ceinture de bruit.
<br />
Froide l'étoile monte et noir l'oiseau émigre.
<br /></p>
<p><br />
Abandonné comme les quais dans le matin.
<br />
Et seule dans mes mains se tord l'ombre tremblante.
<br /></p>
<p><br />
Oui, bien plus loin que tout. Combien plus loin que tout.
<br /></p>
<p><br />
C'est l'heure de partir. Ô toi l'abandonné.
<br /></p>
<pre></pre>
<p><br /></p>
<pre></pre>
<p><br /></p>
<pre></pre>
<p><br />
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<p><br />
Après temps de malheur,
<br />
Je ne croyais plus au bonheur,
<br />
Je croyais, avoir aimé,
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Et ne plus l’être à jamais,
<br />
Mais je ne savais pas,
<br />
Qu’au fond de mon cœur,
<br />
Dormait tant de douceur.
<br />
La vie m’avait aigri,
<br />
Le ciel était gris,
<br />
Pensant que l’on m’avait tout pris,
<br />
Mais, il restait le meilleur.
<br />
Arrivé comme un planeur,
<br />
J’ai retrouvé mon seigneur,
<br />
Plus de pleurs, plus de malheur,
<br />
Il m’offrirai que le meilleur.
<br />
Il m’a pris mon cœur,
<br />
De ses yeux enjôleurs,
<br />
Pour m’emmener ailleurs,
<br />
Vivre que de bonheur.
<br />
Ces quelques mots,
<br />
Dont je suis l’auteure,
<br />
Émanent de mon cœur
<br />
J’aurai aimé, te les souffler en douceur,
<br />
Mais je te les offre par porteur.
<br />
Je ne veux pour toi, que le meilleur,
<br />
Car tu es monseigneur,
<br />
Et je ne veux plus vivre ailleurs,
<br />
Qu’au fond de ton cœur.
<br />
Ne laissons pas entrer, toute forme de malheur,
<br />
Gardons notre douceur et notre chaleur,
<br />
Nourrir notre cœur.
<br />
Ton sourire ravageur, éclaire mon cœur,
<br />
Je ne suis pas d’humeur à me mettre au labeur,
<br />
Alors je laisse mon cœur décrire mon bonheur.
<br /></p>
<p><br /></p>
<p>Angélina BERGERON
<br />
AB CONSEILS & SERVICES
<br />
angelinabergeron@gmail.com</p>Saint Valentinurn:md5:5de941c4cc773549779b805208fb294b2010-01-24T19:42:00+00:002010-01-24T19:42:00+00:00yves Brettepoeme d'amouramourpoèmeSaint-Valentin <p><a href="https://www.tropdamour.com/amour/post/2009/01/31/Saint-Valentin-fete-des-amoureux">Saint Valentin</a></p>
<p><br />
L’amour, ce sentiment si beau à vivre, à imaginer, à souhaiter ou même à rêver. C’est un royaume où il n’y a ni roi, ni couronne, ni esclave, ni chaînes.
L’amour, c’est cet ange qui nous vient d’en ne sait où, nous pénètre sans nous aviser. Il ne frappe jamais à la porte, et entre sans permission.
Il est bon, doux, fait rêver et change tout. Il est rebelle, repousse les barrières, ne connaît pas les frontières, les couleurs et le temps. Il n’a pas d’âge, on le vit à tout âge. Dans chaque coin de la terre, un nouveau couple naît à chaque minute qui passe.
<br /></p>
<p>Que de couples, l’histoire nous a rapporté. Ils se sont aimés à en mourir. Même si le sentiment est le même, à chacun son histoire, sa place sur ce globe, sa culture et l’époque qu’il a vécue.
<br /></p>
<p>Le sentiment est le même, l’appellation change d’une culture à une autre, les histoires sont toujours récentes, en dépit du temps qui passe. On les célèbre pour mieux les vivre encore et encore.
Ces couples amoureux sont une référence, on se compare à eux, on veut même les dépasser d’un cran.
<br /></p>
<p>Des parents de l’humanité Adam et Ève, Ahcène Mariche a revisité certaines époques avec leurs amoureux et a fait escale, à l’occasion de la Saint Valentin ; chez Valentin et Valentine, Roméo et Juliette, Antar et Abla, Saiyed et Hiziya, Chabane et Drifa Ujajih, Lhesnaoui et Fadhma, et nous fait découvrir la plus récente histoire entre Ahcène et Zivka, et nous livre sont poème « Sidi-Valentin ».</p>
<p><br />
<br /></p>
<hr />
<p><br />
Saint Valentin</p>
<p><br /></p>
<pre> Vivement le quatorze février,</pre>
<p><br /></p>
<pre> C’est la fête des amoureux !</pre>
<p><br /></p>
<pre> Chacun le vit en aventurier,</pre>
<p><br /></p>
<pre> En compagnie de l’allié bien heureux,</pre>
<p><br /></p>
<pre> C’est devenu des lors coutumier,</pre>
<p><br /></p>
<pre> Chez Valentin et Valentine tous deux.</pre>
<p><br /></p>
<pre></pre>
<p><br /></p>
<pre> Chacun d’eux, empruntant son chemin,</pre>
<p><br /></p>
<pre> A la recherche d’un objectif.</pre>
<p><br /></p>
<pre> Ils finiront par trouver un dessein</pre>
<p><br /></p>
<pre> Qui prouvera l’amour décisif.</pre>
<p><br /></p>
<pre> Jeunes et vieux, dans le même bain.</pre>
<p><br /></p>
<pre> Poussés par ce vent attractif</pre>
<p><br /></p>
<pre> Et sérieusement touchés par le chagrin.</pre>
<p><br /></p>
<pre></pre>
<p><br /></p>
<pre> Pour en cueillir des fleurs,</pre>
<p><br /></p>
<pre> Nous dégringolons les prairies.</pre>
<p><br /></p>
<pre> Tous, nous sèmerons dans les cœurs,</pre>
<p><br /></p>
<pre> La tendresse, point de jalousie.</pre>
<p><br /></p>
<pre> L’amour est un bienfaiteur,</pre>
<p><br /></p>
<pre> La guerre n’est que tragédie.</pre>
<p><br /></p>
<pre></pre>
<p><br /></p>
<pre> Combien de siècles se sont écoulés,</pre>
<p><br /></p>
<pre> Que l’histoire, à présent, a réunis.</pre>
<p><br /></p>
<pre> Ils sont, au fond de l’amour, plantés,</pre>
<p><br /></p>
<pre> Epris, ils ont fait l’objet d’un récit ;</pre>
<p><br /></p>
<pre> Combien de cas pareils, éprouvés,</pre>
<p><br /></p>
<pre> Que nos mémoires relatent en série.</pre>
<p><br /></p>
<pre></pre>
<p><br /></p>
<pre> Antar et Abla sont un conte,</pre>
<p><br /></p>
<pre> Chabane et Dhrifa Oujajih aussi.</pre>
<p><br /></p>
<pre> De Qeïs et Leïla, on raconte,</pre>
<p><br /></p>
<pre> Ainsi que de Roméo et Juliette unis.</pre>
<p><br /></p>
<pre> Que Said et Hizya ne déchantent,</pre>
<p><br /></p>
<pre> Symbole des nomades en furie.</pre>
<p><br /></p>
<pre> Quant à l’histoire toute récente,</pre>
<p><br /></p>
<pre> C’est bien celle de Fadhma et L’Hesnaoui.</pre>
<p><br /></p>
<pre> Celle d’Ahcène et Zivka représente</pre>
<p><br /></p>
<pre> Un mythe naissant ces jours-ci.</pre>
<p><br /></p>
<pre></pre>
<p><br /></p>
<pre> L’histoire de Van Gogh est légendaire,</pre>
<p><br /></p>
<pre> Il ne s’est jamais produit de pareille.</pre>
<p><br /></p>
<pre> Il se croit tellement déplaire,</pre>
<p><br /></p>
<pre> Que sur lui, sa bien aimée ne veille.</pre>
<p><br /></p>
<pre> Une fois ses requêtes ne sont plus salutaires,</pre>
<p><br /></p>
<pre> Il décida de trancher son oreille.</pre>
<p><br /></p>
<pre></pre>
<p><br /></p>
<pre> Chacun formule des vœux préférés,</pre>
<p><br /></p>
<pre> Le choix pour eux n’est guère difficile.</pre>
<p><br /></p>
<pre> Quant à moi mes frères, je suis troublé,</pre>
<p><br /></p>
<pre> Qui peut me servir de témoin utile ?</pre>
<p><br /></p>
<pre> Toute chose sur laquelle mon regard s’est posé,</pre>
<p><br /></p>
<pre> Se métamorphose de suite et devient futile,</pre>
<p><br /></p>
<pre> Ou bien, à mes yeux, s’avère insensée!</pre>
<p><br /></p>
<pre></pre>
<p><br /></p>
<pre> J’ai trié avec soin des merveilles,</pre>
<p><br /></p>
<pre> Que j’ai destiné à ma bien aimée.</pre>
<p><br /></p>
<pre> Dans une main, une fleur sans pareille,</pre>
<p><br /></p>
<pre> Avec l’autre, quelques vers que j’ai rimés.</pre>
<p><br /></p>
<pre> Sur du papier, je calquerai sa beauté vermeille,</pre>
<p><br /></p>
<pre> Avec de l’argile, je ferai son portrait.</pre>
<p><br /></p>
<pre> Sur ses genoux, je viderai ma corbeille,</pre>
<p><br /></p>
<pre> J’ai des choses à dire, le temps me le permet.</pre>
<p><br /></p>
<pre> Mon amour, je l’étalerai en plein soleil,</pre>
<p><br /></p>
<pre> En scénario, je l’adapterai,</pre>
<p><br /></p>
<pre> Et nos rôles ne seront que merveilles !</pre>
<p><br /></p>
<p><br /></p>
<pre> C’est le quinze Février,</pre>
<p><br /></p>
<pre> Nous sommes rentrés dans l’histoire.</pre>
<p><br /></p>
<pre> On est à présent identifié</pre>
<p><br /></p>
<pre> Et doté d’un nom évocatoire,</pre>
<p><br /></p>
<pre> Ce qui était dans l’ombre est maintenant étalé,</pre>
<p><br /></p>
<pre> Ayez Ahcène et Zivka en mémoire.</pre>
<p><br /></p>
<p><br /></p>
<pre> Je te prie Saint Valentin</pre>
<p><br /></p>
<pre> Je te prie Sainte Valentine</pre>
<p><br /></p>
<pre> Je te prie, toi Qeïs,</pre>
<p><br /></p>
<pre> Je te prie, toi Leïla</pre>
<p><br /></p>
<pre> Je te prie, toi El Hasnaoui.</pre>
<p><br /></p>
<pre> Je te prie, toi Fadhma</pre>
<p><br /></p>
<pre> Je te prie, toi Said,</pre>
<p><br /></p>
<pre> Je te prie, toi Hizya</pre>
<p><br /></p>
<pre> Je te prie, toi Chabane,</pre>
<p><br /></p>
<pre> Je te prie, toi Dhrifa,</pre>
<p><br /></p>
<pre> Je te prie, toi Roméo</pre>
<p><br /></p>
<pre> Je te prie, toi Juliette.</pre>
<p><br /></p>
<pre> Nous nous joignons à vous,</pre>
<p><br /></p>
<pre> Épargnez-nous le ridicule.</pre>
<p><br /></p>
<pre> Vous avez souffert beaucoup,</pre>
<p><br /></p>
<pre> A présent, nous aussi, on brûle.</pre>
<p><br /></p>
<pre> On est montré du doigt tel un loup,</pre>
<p><br /></p>
<pre> Qui dirait un criminel ou une crapule.</pre>
<p><br /></p>
<pre> Du pan de votre manteau, couvrez-nous,</pre>
<p><br /></p>
<pre> En vous, les bénédictions pullulent.</pre>
<p><br /></p>
<pre> De grâce, de grâce, protégez-nous,</pre>
<p><br /></p>
<pre> Que de Baraka, votre âme dissimule.</pre>
<p><br /></p>
<p><br /></p>
<pre>Ahcène MARICHE</pre>
<p><br /></p>
<p><br /></p>
<p>www.ahcenemariche.net</p>
<p><br />
http://ahcenemariche.centerblog.net</p>Offrandeurn:md5:d6cd23540bb9d5e1d11754c8634b27f72010-01-17T06:46:00+00:002010-01-17T06:46:00+00:00yves Brettepoeme d'amourenvieje t aimeoffrande <p>Offrande</p>
<p>L'envie nous caresse,
<br />
Mais de l'intérieur.
<br />
Il chatouille, il presse,
<br />
Surtout notre corps.
<br />
La limite des mains
<br />
Est un univers.
<br />
L'imagination
<br />
Rend amour la chair.
<br />
Car le seul scandale
<br />
N'est que d'être seul.
<br />
Le seul non amour
<br />
Est dans les yeux sourds.
<br />
Regardons, même nous.
<br />
Les dieux sont dessous.
<br />
Les lèvres déjà mûres
<br />
Tomberont donc sur l'autre.
<br />
Tout devient si doux
<br />
Quand le coeur rend fou.
<br />
Qui peut donc guérir
<br />
De l'envie de vivre ?
<br />
Il n'y a plus d'obstacle :
<br />
Nous le sommes, nous-mêmes.
<br />
Nous sommes la plus belle
<br />
Des offrandes. Je t'aime.
<br /></p>
<p><br />
<br />
<br />
(Charles de LEUSSE - extrait du livre Autour De Toi - http://charlesdeleusse.free.fr/livres.htm)</p>Haïku du matinurn:md5:d433267422fa7bea1a09c9bde7efb0452009-06-14T17:06:00+01:002009-06-14T17:06:00+01:00yves Brettepoeme d'amourfleurhaiku <p>Pétales arrachés
<br />
De si peu à la folie
<br />
Flirt à bout de fleur
<br />
<br /></p>
<p>Texte original d'Elisa Huttin sur http://haiku.dumatin.fr/</p>L'amoureuseurn:md5:801c06a880407cd9a19b7626989b7d6a2009-06-14T17:01:00+01:002009-06-14T17:01:00+01:00yves Brettepoeme d'amouramoureusecheveuxEluardrire <p>Elle est debout sur mes paupières
<br />
Et ses cheveux sont dans les miens,
<br />
Elle a la forme de mes mains,
<br />
Elle a la couleur de mes yeux,
<br />
Elle s'engloutit dans mon ombre
<br />
Comme une pierre sur le ciel.
<br />
<br /></p>
<p>Elle a toujours les yeux ouverts
<br />
Et ne me laisse pas dormir.
<br />
Ses rêves en pleine lumière
<br />
Font s'évaporer les soleils,
<br />
Me font rire, pleurer et rire,
<br />
Parler sans avoir rien à dire
<br />
<br /></p>
<p>Paul Eluard</p>Intimesurn:md5:083150257c4d4ee2affbf08280daeda72009-06-14T16:58:00+01:002009-06-14T16:58:00+01:00yves Brettepoeme d'amouraimerEluardpoissonyeux <p>Je n'ai envie que de t'aimer
<br />
Un orage emplit la vallée
<br />
Un poisson la rivière
<br />
<br /></p>
<p>Je t'ai faite à la taille de ma solitude.
<br />
<br /></p>
<p>Le monde entier pour se cacher
<br />
Des jours des nuits pour se comprendre
<br />
Pour ne plus rien voir dans tes yeux
<br />
Que ce que je pense de toi
<br />
Et d'un monde à ton image
<br />
Et des jours et des nuits réglés par tes paupières.
<br />
<br /></p>
<p>Intimes V. Paul Eluard</p>poème érotique, Jean de La Fontaineurn:md5:fddf63aff87e08063377a09299d54a952009-05-17T07:31:00+01:002009-05-17T07:31:00+01:00yves Brettepoemes et poesieaimercondesirfoutreJean de La Fontainejouissanceplaisirpoeme erotiquevit <p>Aimons, foutons, ce sont des plaisirs
<br />
Qu’il ne faut pas que l’on sépare;
<br />
La jouissance et les désirs
<br />
Sont ce que l’âme a de plus rare.
<br />
D’un vit, d’un con et de deux cœurs
<br />
Naît un accord plein de douceurs
<br />
Que les dévots blâment sans cause.
<br />
Amaryllis, pensez-y bien :
<br />
Aimer sans foutre est peu de chose,
<br />
Foutre sans aimer, ce n’est rien.
<br />
<br />
Jean de La Fontaine</p>Petit Poème érotiqueurn:md5:624a8709383afe55b95899c95146551b2009-05-17T07:26:00+01:002009-05-17T06:27:41+01:00yves Brettepoeme d'amourbaiserpoeme erotiqueRenée VivienSillages <p>Et je regrette et je cherche Psappha
<br />
<br /></p>
<p>Et je regrette et je cherche ton doux baiser.
<br />
Quelle femme saurait me plaire et m’apaiser ?
<br />
Laquelle apporterait les voluptés anciennes
<br />
Sur des lèvres sans fard et pareilles aux tiennes ?
<br />
<br /></p>
<p>Je le sais, tu mentais, ton rire sonnait creux
<br />
Mais ton baiser fut lent, étroit et savoureux,
<br />
Il s’attardait, et ce baiser atteignait l’âme,
<br />
Car tu fus à la fois le serpent et la femme.
<br />
<br /></p>
<p>Mais souviens-toi de la façon dont je t’aimais…
<br />
Moi, ne suis-je plus rien dans ta chair ? Si jamais
<br />
Tu sanglotas mon nom dans l’instant sans défense,
<br />
Souviens-toi de ce cri suivi d’un grand silence.
<br />
<br /></p>
<p>Je ne sais plus aimer les beaux chants ni les lys
<br />
Et ma maison ressemble aux grands nécropolis.
<br />
Moi qui voudrais chanter, je demeure muette.
<br />
Je désire et je cherche et surtout je regrette…<br />
<br />
(Renée Vivien, Sillages, 1908)</p>Si tu veux être aimé...urn:md5:ced53620521316564135033d4914b7f62009-04-20T09:27:00+01:002009-04-20T09:27:00+01:00yves Brettecitation d'amouraimeSénèqueêtre aimé <p>"Si tu veux être aimé, aime."
<br /></p>
<p>Sénèque</p>Ma seule amoururn:md5:c5b1e5b3f363383c8ad01b578b626d122009-03-22T07:53:00+00:002009-03-22T07:53:00+00:00yves Brettepoeme d'amouramourCharles d Orleansjoyemaitressepoeme romantiquepoeme triste <p>Ma seule amour
<br />
<br /></p>
<p>Ma seule amour, ma joye et ma maistresse,
<br />
Puisqu'il me fault loing de vous demorer,
<br />
Je n'ay plus riens, à me reconforter,
<br />
Qu'un souvenir pour retenir lyesse.
<br />
<br /></p>
<p>En allegant, par Espoir, ma destresse,
<br />
Me couvendra le temps ainsi passer,
<br />
Ma seule amour, ma joye et ma maistresse,
<br />
Puisqu'il me fault loing de vous demorer
<br />
<br /></p>
<p>Car mon las cueur, bien garny de tristesse,
<br />
S'en est voulu avecques vous aler,
<br />
Ne je ne puis jamais le recouvrer,
<br />
Jusques verray vostre belle jeunesse,
<br />
Ma seule amour, ma joye et ma maistresse.
<br />
<br />
(poème de Charles dOrleans 1394 - 1465)</p>Un jour, je chanterai moins...urn:md5:e2387909b12d2a4417a19de6037b838f2009-03-15T08:30:00+00:002009-03-15T08:30:00+00:00yves Bretteparole de chansonBashungchansonchanson françaisejour <p>Ce jour là n'est pas pour demain !
<br />
<br />
A demain, Alain. Vos chansons sont définitivement pour moi parmi les plus belles chansons françaises. Je pense notamment à "Madame rêve" et à l'album "Résidents de la République".</p>Les fautes sont grandes...urn:md5:73c4c9f30374e7bb2458c2c9568380922009-02-26T07:38:00+00:002009-02-26T07:38:00+00:00yves Bretteproverbe d'amouramourfauteitalien <p>Les fautes sont grandes quand l'amour est petit.</p>
<p>Proverbe italien</p>Etre heureuxurn:md5:c91d79c0163e1dfbc504de57455792fa2009-02-26T07:36:00+00:002009-02-26T07:36:00+00:00yves Brettecitation d'amourbonheurchagrin <p>"On peut supporter seul le chagrin, mais il faut être deux pour être heureux."</p>
<p>E. Hubbard</p>l'essentiel qui nous manque et qui donne du sens à l'existence : le poétiqueurn:md5:c4c5fcf1e39ea117001dc3b7a4515e662009-02-21T07:13:00+00:002009-02-21T07:14:49+00:00yves Brettepoemes et poesieAimé CésaireamourbidonvillecapitalismechantchomagecolonisateurconsommateurdansedignitéemploiethiqueghettogratuitGuadeloupeGuyanehonneurimaginairelectureMartiniquenécessitéObamaphilosophiepolitiquepoétiqueproducteurproduitprosaïqueRéunionsociététravailvivantépanouissement de soi <p>Martinique Guadeloupe Guyane Réunion
<br />
Ernest BRELEUR
<br />
Patrick CHAMOISEAU
<br />
Serge DOMI
<br />
Gérard DELVER
<br />
Edouard GLISSANT
<br />
<br />
Guillaume PIGEARD DE GURBERT
<br />
Olivier PORTECOP
<br />
Olivier PULVAR
<br />
Jean-Claude WILLIAM
<br />
<strong>Manifeste pour les “produits” de haute nécessité</strong>
<br />
<br />
" Au moment où le maître, le colonisateur
proclament
" il n'y a jamais eu de peuple ici ",
le peuple qui manque est un devenir,
il s'invente,
dans les bidonvilles et les camps, ou
bien dans les ghettos,
dans de nouvelles conditions de
lutte auxquelles un art nécessairement
politique doit contribuer
<br />
Gilles Deleuze
<br />
L'image-temps
<br />
Cela ne peut signifier qu'une chose :
non pas qu'il n'y a pas de route
pour en sortir,
mais que l'heure est venue d'abandonner
toutes les vieilles routes.
<br />
Aimé Césaire
<br />
Lettre à Maurice Thorez
<br />
<br />
C'est en solidarité pleine et sans réserve aucune
que nous saluons le profond mouvement social
qui s'est installé en Guadeloupe, puis en
Martinique, et qui tend à se répandre à la Guyane et à la
Réunion.
<br />
Aucune de nos revendications n'est illégitime.
Aucune n'est irrationnelle en soi, et surtout pas plus démesurée
que les rouages du système auquel elle se confronte.
Aucune ne saurait donc être négligée dans ce qu'elle représente,
ni dans ce qu'elle implique en relation avec l'ensemble
des autres revendications.
<br />
Car la force de ce mouvement est d'avoir su organiser sur une
même base ce qui jusqu'alors s'était vu disjoint, voire isolé
dans la cécité catégorielle - à savoir les luttes jusqu'alors inaudibles
dans les administrations, les hôpitaux, les établissements
scolaires, les entreprises, les collectivités territoriales,
tout le monde associatif, toutes les professions artisanales ou
libérales...
<br /></p>
<p>Mais le plus important est que la dynamique du Lyannaj - qui
est d'allier et de rallier, de lier relier et relayer tout ce qui se
trouvait désolidarisé - est que la souffrance réelle du plus
grand nombre (confrontée à un délire de concentrations économiques,
d'ententes et de profits) rejoint des aspirations diffuses,
encore inexprimables mais bien réelles, chez les jeunes,
les grandes personnes, oubliés, invisibles et autres souffrants
indéchiffrables de nos sociétés. La plupart de ceux qui y
défilent en masse découvrent (ou recommencent à se souvenir)
que l'on peut saisir l'impossible au collet, ou enlever le
trône de notre renoncement à la fatalité.
<br />
Cette grève est donc plus que légitime, et plus que bienfaisante,
et ceux qui défaillent, temporisent, tergiversent,
faillissent à lui porter des réponses décentes, se rapetissent
et se condamnent.
<br />
<br />
Dès lors, derrière le prosaïque du " pouvoir d'achat " ou du "
panier de la ménagère ", se profile l'essentiel qui nous manque
et qui donne du sens à l'existence, à savoir : le poétique. Toute
vie humaine un peu équilibrée s'articule entre, d'un côté, les
nécessités immédiates du boire-survivre-manger (en clair : le
prosaïque) ; et, de l'autre, l'aspiration à un épanouissement de
soi, là où la nourriture est de dignité, d'honneur, de musique,
de chants, de sports, de danses, de lectures, de philosophie,
de spiritualité, d'amour, de temps libre affecté à l'accomplissement
du grand désir intime (en clair : le poétique). Comme le
propose Edgar Morin, le vivre-pour-vivre, tout comme le vivrepour-
soi n'ouvrent à aucune plénitude sans le donner-à-vivre à
ce que nous aimons, à ceux que nous aimons, aux impossibles
et aux dépassements auxquels nous aspirons.
La " hausse des prix " ou " la vie chère " ne sont pas de petits
diables-ziguidi qui surgissent devant nous en cruauté spontanée,
ou de la seule cuisse de quelques purs békés. Ce sont
les résultantes d'une dentition de système où règne le dogme
du libéralisme économique. Ce dernier s'est emparé de la planète,
il pèse sur la totalité des peuples, et il préside dans tous
les imaginaires - non à une épuration ethnique, mais bien à
une sorte " d'épuration éthique ” (entendre : désenchantement,
désacralisation, désymbolisation, déconstruction même) de
tout le fait humain. Ce système a confiné nos existences dans
des individuations égoïstes qui vous suppriment tout horizon
et vous condamnent à deux misères profondes : être "
consommateur " ou bien être " producteur ". Le consommateur
( Cf. - Jean-Claude Michéa - L'Empire du moindre mal. Coll. Climats - 2007 - Ed Flammarion.)
ne travaillant que pour consommer ce que produit sa force de
travail devenue marchandise ; et le producteur réduisant sa
production à l'unique perspective de profits sans limites pour
des consommations fantasmées sans limites. L'ensemble
ouvre à cette socialisation anti-sociale, dont parlait André
Gorz, et où l'économique devient ainsi sa propre finalité et
déserte tout le reste.
<br />
<br />
Alors, quand le " prosaïque " n'ouvre pas aux élévations du
" poétique ", quand il devient sa propre finalité et se consume
ainsi, nous avons tendance à croire que les aspirations de
notre vie, et son besoin de sens, peuvent se loger dans ces
codes-barres que sont " le pouvoir d'achat " ou " le panier de
la ménagère ". Et pire : nous finissons par penser que la gestion
vertueuse des misères les plus intolérables relève d'une
politique humaine ou progressiste. Il est donc urgent d'escorter
les " produits de premières nécessités ", d'une autre catégorie
de denrées ou de facteurs qui relèveraient résolument
d'une " haute nécessité ".
<br />
<br />
Par cette idée de " haute nécessité ", nous appelons à
prendre conscience du poétique déjà en oeuvre dans un
mouvement qui, au-delà du pouvoir d'achat, relève d'une
exigence existentielle réelle, d'un appel très profond au
plus noble de la vie.
<br />
<br />
Alors que mettre dans ces " produits " de haute nécessité ?
C'est tout ce qui constitue le coeur de notre souffrant désir de
faire peuple et nation, d'entrer en dignité sur la grand-scène du
monde, et qui ne se trouve pas aujourd'hui au centre des
négociations en Martinique et en Guadeloupe, et bientôt sans
doute en Guyane et à la Réunion.
<br />
<br />
D'abord, il ne saurait y avoir d'avancées sociales qui se
contenteraient d'elles-mêmes. Toute avancée sociale ne se
réalise vraiment que dans une expérience politique qui tirerait
les leçons structurantes de ce qui s'est passé. Ce mouvement
a mis en exergue le tragique émiettement institutionnel de nos
pays, et l'absence de pouvoir qui lui sert d'ossature. Le " déterminant
" ou bien le " décisif " s'obtient par des voyages ou par
le téléphone. La compétence n'arrive que par des émissaires.
La désinvolture et le mépris rôdent à tous les étages.
L'éloignement, l'aveuglement et la déformation président aux
analyses. L'imbroglio des pseudos pouvoirs Région-
Département-Préfet, tout comme cette chose qu'est l'association des maires, ont montré leur impuissance, même leur
effondrement, quand une revendication massive et sérieuse
surgit dans une entité culturelle historique identitaire humaine,
distincte de celle de la métropole administrante, mais qui ne
s'est jamais vue traitée comme telle. Les slogans et les
demandes ont tout de suite sauté par-dessus nos " présidents
locaux " pour s'en aller mander ailleurs. Hélas, toute
victoire sociale qui s'obtiendrait ainsi (dans ce bond pardessus
nous-mêmes), et qui s'arrêterait là, renforcerait
notre assimilation, donc conforterait notre inexistence au
monde et nos pseudos pouvoirs.
<br />
<br />
Ce mouvement se doit donc de fleurir en vision politique,
laquelle devrait ouvrir à une force politique de renouvellement
et de projection apte à nous faire accéder à la responsabilité
de nous-mêmes par nous-mêmes et au pouvoir
de nous-mêmes sur nous-mêmes. Et même si un tel
pouvoir ne résoudrait vraiment aucun de ces problèmes, il
nous permettrait à tout le moins de les aborder désormais en
saine responsabilité, et donc de les traiter enfin plutôt que
d'acquiescer aux sous-traitances. La question békée et des
ghettos qui germent ici où là, est une petite question qu'une
responsabilité politique endogène peut régler. Celle de la
répartition et de la protection de nos terres à tous points de vue
aussi. Celle de l'accueil préférentiel de nos jeunes tout autant.
Celle d'une autre Justice ou de la lutte contre les fléaux de la
drogue en relève largement... Le déficit en responsabilité crée
amertume, xénophobie, crainte de l'autre, confiance réduite en
soi... La question de la responsabilité est donc de haute
nécessité. C'est dans l'irresponsabilité collective que se
nichent les blocages persistants dans les négociations
actuelles. Et c'est dans la responsabilité que se trouve
l'invention, la souplesse, la créativité, la nécessité de trouver
des solutions endogènes praticables. C'est dans la
responsabilité que l'échec ou l'impuissance devient un
lieu d'expérience véritable et de maturation. C'est en responsabilité
que l'on tend plus rapidement et plus positivement
vers ce qui relève de l'essentiel, tant dans les luttes
que dans les aspirations ou dans les analyses.
<br />
Ensuite, il y a la haute nécessité de comprendre que le labyrinthe
obscur et indémêlable des prix (marges, sous-marges,
commissions occultes et profits indécents) est inscrit dans une
logique de système libéral marchand, lequel s'est étendu à
l'ensemble de la planète avec la force aveugle d'une religion.
<br />
Ils sont aussi enchâssés dans une absurdité coloniale qui
nous a détournés de notre manger-pays, de notre environnement
proche et de nos réalités culturelles, pour nous livrer
sans pantalon et sans jardins-bokay aux modes alimentaires
européens. C'est comme si la France avait été formatée pour
importer toute son alimentation et ses produits de grande
nécessité depuis des milliers et des milliers de kilomètres.
Négocier dans ce cadre colonial absurde avec l'insondable
chaîne des opérateurs et des intermédiaires peut certes améliorer
quelque souffrance dans l'immédiat ; mais l'illusoire bienfaisance
de ces accords sera vite balayée par le principe du
" Marché " et par tous ces mécanismes que créent un nuage
de voracités, (donc de profitations nourries par " l'esprit colonial
" et régulées par la distance) que les primes, gels, aménagements
vertueux, réductions opportunistes, pianotements
dérisoires de l'octroi de mer, ne sauraient endiguer.
Il y a donc une haute nécessité à nous vivre caribéens
dans nos imports-exports vitaux, à nous penser américain
pour la satisfaction de nos nécessités, de notre autosuffisance
énergétique et alimentaire. L'autre très haute
nécessité est ensuite de s'inscrire dans une contestation
radicale du capitalisme contemporain qui n'est pas une
perversion mais bien la plénitude hystérique d'un dogme.
La haute nécessité est de tenter tout de suite de jeter les
bases d'une société non économique, où l'idée de développement
à croissance continuelle serait écartée au profit de celle
d'épanouissement ; où emploi, salaire, consommation et production
serait des lieux de création de soi et de parachèvement
de l'humain. Si le capitalisme (dans son principe très pur
qui est la forme contemporaine) a créé ce Frankenstein
consommateur qui se réduit à son panier de nécessités, il
engendre aussi de bien lamentables " producteurs " - chefs
d'entreprises, entrepreneurs, et autres socioprofessionnels
ineptes - incapables de tressaillements en face d'un sursaut de
souffrance et de l'impérieuse nécessité d'un autre imaginaire
politique, économique, social et culturel. Et là, il n'existe pas de
camps différents. Nous sommes tous victimes d'un système
flou, globalisé, qu'il nous faut affronter ensemble. Ouvriers et
petits patrons, consommateurs et producteurs, portent quelque
part en eux, silencieuse mais bien irréductible, cette haute
nécessité qu'il nous faut réveiller, à savoir : vivre la vie, et sa
propre vie, dans l'élévation constante vers le plus noble et le
plus exigeant, et donc vers le plus épanouissant.
Ce qui revient à vivre sa vie, et la vie, dans toute l'ampleur du
poétique.
<br />
<br />
On peut mettre la grande distribution à genoux en mangeant
sain et autrement.
<br />
On peut renvoyer la SARA (Société Anonyme de Raffinerie
des Antilles) et les compagnies pétrolières aux oubliettes, en
rompant avec le tout automobile.
<br />
On peut endiguer les agences de l'eau, leurs prix exorbitants,
en considérant la moindre goutte sans attendre comme une
denrée précieuse, à protéger partout, à utiliser comme on le
ferait des dernières chiquetailles d'un trésor qui appartient à
tous.
<br />
<br />
On ne peut vaincre ni dépasser le prosaïque en demeurant
dans la caverne du prosaïque, il faut ouvrir en poétique, en
décroissance et en sobriété. Rien de ces institutions si arrogantes
et puissantes aujourd'hui (banques, firmes transnationales,
grandes surfaces, entrepreneurs de santé, téléphonie
mobile...) ne sauraient ni ne pourraient y résister.
Enfin, sur la question des salaires et de l'emploi.
Là aussi il nous faut déterminer la haute nécessité.
Le capitalisme contemporain réduit la part salariale à mesure
qu'il augmente sa production et ses profits. Le chômage est
une conséquence directe de la diminution de son besoin de
main d'oeuvre. Quand il délocalise, ce n'est pas dans la recherche
d'une main d'oeuvre abondante, mais dans le souci d'un
effondrement plus accéléré de la part salariale. Toute déflation
salariale dégage des profits qui vont de suite au
grand jeu welto de la finance. Réclamer une augmentation
de salaire conséquente n'est donc en rien illégitime : c'est
le début d'une équité qui doit se faire mondiale.
<br />
Quant à l'idée du " plein emploi ", elle nous a été clouée dans
l'imaginaire par les nécessités du développement industriel et
les épurations éthiques qui l'ont accompagnée. Le travail à
l'origine était inscrit dans un système symbolique et sacré
(d'ordre politique, culturel, personnel) qui en déterminait les
ampleurs et le sens. Sous la régie capitaliste, il a perdu son
sens créateur et sa vertu épanouissante à mesure qu'il devenait,
au détriment de tout le reste, tout à la fois un simple "
emploi ", et l'unique colonne vertébrale de nos semaines et de
nos jours. Le travail a achevé de perdre toute signifiance
quand, devenu lui-même une simple marchandise, il s'est mis
à n'ouvrir qu'à la consommation.
<br />
<br />
Nous sommes maintenant au fond du gouffre.
Il nous faut donc réinstaller le travail au sein du poétique.
Même acharné, même pénible, qu'il redevienne un lieu
d'accomplissement, d'invention sociale et de construction
de soi, ou alors qu'il en soit un outil secondaire parmi
d'autres. Il y a des myriades de compétences, de talents, de
créativités, de folies bienfaisantes, qui se trouvent en ce
moment stérilisés dans les couloirs ANPE et les camps sans
barbelés du chômage structurel né du capitalisme. Même
quand nous nous serons débarrassés du dogme marchand,
les avancées technologiques (vouées à la sobriété et à la
décroissance sélective) nous aiderons à transformer la valeurtravail
en une sorte d'arc-en-ciel, allant du simple outil accessoire
jusqu'à l'équation d'une activité à haute incandescence
créatrice. Le plein emploi ne sera pas du prosaïque productiviste,
mais il s'envisagera dans ce qu'il peut créer en socialisation,
en autoproduction, en temps libre, en temps mort, en ce
qu'il pourra permettre de solidarités, de partages, de soutiens
aux plus démantelés, de revitalisations écologiques de notre
environnement...
Il s'envisagera en " tout ce qui fait que la vie vaut la peine
d'être vécue ".
<br />
Il y aura du travail et des revenus de citoyenneté dans ce qui
stimule, qui aide à rêver, qui mène à méditer ou qui ouvre aux
délices de l'ennui, qui installe en musique, qui oriente en randonnée
dans le pays des livres, des arts, du chant, de la philosophie,
de l'étude ou de la consommation de haute nécessité
qui ouvre à création - créaconsommation.
<br />
En valeur poétique, il n'existe ni chômage ni plein emploi
ni assistanat, mais autorégénération et autoréorganisation,
mais du possible à l'infini pour tous les talents, toutes
les aspirations. En valeur poétique, le PIB des sociétés
économiques révèle sa brutalité.
<br />
<br />
Voici ce premier panier que nous apportons à toutes les tables
de négociations et à leurs prolongements : que le principe de
gratuité soit posé pour tout ce qui permet un dégagement des
chaînes, une amplification de l'imaginaire, une stimulation des
facultés cognitives, une mise en créativité de tous, un déboulé
sans manman de l'esprit. Que ce principe balise les chemins
vers le livre, les contes, le théâtre, la musique, la danse, les
arts visuels, l'artisanat, la culture et l'agriculture... Qu'il soit inscrit
au porche des maternelles, des écoles, des lycées et collèges,
des universités et de tous les lieux connaissance et de
formation... Qu'il ouvre à des usages créateurs des technologies
neuves et du cyberespace. Qu'il favorise tout ce qui permet
d'entrer en Relation (rencontres, contacts, coopérations,
interactions, errances qui orientent) avec les virtualités imprévisibles
du Tout-Monde... C'est le gratuit en son principe qui
permettra aux politiques sociales et culturelles publiques de
déterminer l'ampleur des exceptions. C'est à partir de ce
principe que nous devrons imaginer des échelles non
marchandes allant du totalement gratuit à la participation
réduite ou symbolique, du financement public au financement
individuel et volontaire... C'est le gratuit en son principe
qui devrait s'installer aux fondements de nos sociétés
neuves et de nos solidarités imaginantes...
<br />
<br />
Projetons nos imaginaires dans ces hautes nécessités jusqu'à
ce que la force du Lyannaj ou bien du vivre-ensemble, ne soit
plus un " panier de ménagère ", mais le souci démultiplié d'une
plénitude de l'idée de l'humain.
<br />
<br />
Imaginons ensemble un cadre politique de responsabilité
pleine, dans des sociétés martiniquaise guadeloupéenne
guyanaise réunionnaise nouvelles, prenant leur part souveraine
aux luttes planétaires contre le capitalisme et pour un
monde écologiquement nouveau.
<br />
Profitons de cette conscience ouverte, à vif, pour que les
négociations se nourrissent, se prolongent et s'ouvrent comme
une floraison dans une audience totale, sur ces nations qui
sont les nôtres.
<br />
An gwan lodyans qui ne craint ni ne déserte les grands
frissons de l'utopie.
Nous appelons donc à ces utopies où le Politique ne serait pas
réduit à la gestion des misères inadmissibles ni à la régulation
des sauvageries du " Marché ", mais où il retrouverait son
essence au service de tout ce qui confère une âme au prosaïque
en le dépassant ou en l'instrumentalisant de la manière la
plus étroite.
<br />
Nous appelons à une haute politique, à un art politique, qui installe
l'individu, sa relation à l'Autre, au centre d'un projet commun
où règne ce que la vie a de plus exigeant, de plus intense
et de plus éclatant, et donc de plus sensible à la beauté.
<br /></p>
<p>C'est le gratuit en son principe
qui devrait s'installer
aux fondements de nos
sociétés neuves et de nos
solidarités imaginantes.
<br />
<br />
Ainsi, chers compatriotes, en nous débarrassant des
archaïsmes coloniaux, de la dépendance et de l'assistanat,
en nous inscrivant résolument dans l'épanouissement
écologique de nos pays et du monde à venir, en
contestant la violence économique et le système marchand,
nous naîtrons au monde avec une visibilité levée
du post-capitalisme et d'un rapport écologique global aux
équilibres de la planète....
Alors voici notre vision :
Petits pays, soudain au coeur nouveau du monde, soudain
immenses d'être les premiers exemples de sociétés postcapitalistes,
capables de mettre en oeuvre un épanouissement
humain qui s'inscrit dans l'horizontale plénitude du
vivant...
<br />
<br />
Ernest BRELEUR
<br />
Patrick CHAMOISEAU
<br />
Serge DOMI
<br />
Gérard DELVER
<br />
Edouard GLISSANT
<br />
Guillaume PIGEARD DE GURBERT
<br />
Olivier PORTECOP
<br />
Olivier PULVAR
<br />
Jean-Claude WILLIAM
<br />
<br />
pour les “produits” de haute nécessité
<br />
MANIFESTE
<br />
C o n c e p t i o n * L a u D r e</p>