au fond de notre coeur, un beau jour, le beau jour de tes yeux continue. Les champs, l'été, les bois, le fleuve. Fleuve seul animant l'apparence des cimes. Notre amour c'est l'amour de la vie, le mépris de la mort. A même la lumière contredite, souffrante, sans croissance ni fin, un jour sur terre, plus clair en plein terre que les roses mortelles dans les sources de midi.

Au fond de notre coeur, tes yeux dépassent tous les ciels, leur coeur de nuit. Flèches de joie, ils tuent le temps, ils tuent l'espoir et le regret, ils tuent l'absence.

La vie, seulement la vie, la forme humaine autour de tes yeux clairs.

D’une main composée pour moi Et qu’elle soit faible qu’importe Cette main double la mienne Pour tout lier tout délivrer Pour m’endormir pour m’éveiller D’un baiser la nuit des grands rapports humains Un corps auprès d’un autre corps La nuit des grands rapports terrestres la nuit native de ta bouche La nuit où rien ne se sépare

Que ma parole pèse sur la nuit qui passe Et que s’ouvre toujours la porte par laquelle Tu es entrée dans ce poème Porte de ton sourire et porte de ton corps

Par toi je vais de la lumière à la lumière De la chaleur à la chaleur C’est par toi que je parle et tu restes au centre De tout comme un soleil consentant au bonheur

Paul Eluard